Au lendemain du recours au 49.3 par le gouvernement, plusieurs motions de censure vont être déposées ce vendredi 17 mars. Il s'agit d'une tentative de faire tomber l'exécutif. Mais il faut obligatoirement une majorité absolue des députés qui votent "pour" (287 députés) et, pour l'instant, le compte n'y est pas : environ la moitié des députés LR doivent voter cette motion et il en manque actuellement une trentaine.
En tout cas, cette énième utilisation du 49.3 a clairement ressoudé les syndicats qui appellent à une nouvelle journée de mobilisation jeudi 23 mars. En attendant, plusieurs d'entre eux veulent un durcissement du mouvement. Car cette arme constitutionnelle est un blanc-seing à la radicalité sociale. On va revoir des actions sporadiques, des mouvements beaucoup moins coordonnés qu'auparavant dans de nombreux secteurs : les dockers, les raffineries, l'électricité, les transports... Le spectre du mouvement des gilets jaunes fait peur au gouvernement qui se trouve dans une situation désormais beaucoup plus compliquée : un certain nombre de symboles peuvent en effet être attaqués.
Si les motions de censure sont rejetées lundi 20 mars, Élisabeth Borne peut rester dans l'immédiat Première ministre. Car Emmanuel Macron met beaucoup de temps à se séparer des gens : il a la décision lente et douloureuse. Et quid d'une dissolution évoquée en off par certains députés Renaissance ? Personne n'est aujourd'hui capable de donner le résultat d'une élection législative. C'est une menace ou une volonté qui aura peu d'effets pour l'instant.
On parle du CPE comme un exemple de loi votée, puis abrogée, jamais appliquée. Mais il y a quatre ans, sous Emmanuel Macron, on a eu une réforme des retraites votée par 49.3 qui n'a jamais été appliquée. Le Covid-19 ayant bien rendu service. Là, on a un 49.3 qui met tout le monde en désaccord. Le Conseil constitutionnel peut enterrer ce texte. Car il faut penser à l'après : comment faire des réformes derrière ? On a braqué tout le monde avec cette histoire.