Taxe Zucman : Éric Coquerel, Aurélien Rousseau... Les imprécisions des politiques revues et corrigées par Martial You

Mise en avant par la gauche depuis le début de l'année, la taxe Zucman suscite beaucoup de débat et, parfois, d'élucubrations. Débattue à l'Assemblée le 20 février 2025, cette taxe défend une contribution sur les très hauts patrimoines qui, au gré de la difficulté croissante de s'accorder sur un budget, fait son chemin jusqu'au centre droit de l'échiquier politique.

Fin août, le Parti socialiste a présenté un projet de contre-budget reposant en grande partie sur cette taxe Zucman, impôt plancher de 2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros, que le chef des députés PS Boris Vallaud a présentée comme "fondamentale".

Depuis sa présence dans le débat public, cette taxe Zucman fait l'objet d'un certain nombre d'approximations. On connaissait l'illettrisme, quand on ne sait pas lire, l'électronisme, quand on ne sait pas utiliser un ordinateur, voilà donc l'économisme, quand on n'y comprend rien à l'économie.

L'imprécision d'Éric Coquerel sur le cofondateur de Mistral AI

Première incompréhension sur BFM Business d'Éric Coquerel, président LFI de la Commission des finances de l'Assemblée nationale, à propos de la valorisation de Mistral, 14 milliards, notre pépite de l'intelligence artificielle.

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"Sa boîte gagne 14 milliards et il ne se paye pas ? Je suppose dans ces cas-là que son patrimoine, y compris en termes de biens financiers, ne sera pas impacté, assure-t-il. Et encore une fois, nous parlons de 2%".

En effet, une entreprise peut valoir 14 milliards. Arthur Mensch, son cofondateur, a 22% du capital, mais il ne possède pas 3 milliards en poche. Les 14 milliards servent à lever des fonds, financer le développement de l'entreprise, faire de la recherche et développement pour être à la hauteur de ChatGPT par exemple. 

Donc s'il vend son entreprise et qu'il empoche 3 milliards, il devra bien payer des impôts comme tout le monde. Pourquoi pas plus qu'aujourd'hui, ça c'est un débat.

Aurélien Rousseau et la contribution de Xavier Niel

Deuxième aberration, Aurélien Rousseau, ancien ministre de la Santé, membre de Place Publique, sur France Info : "Monsieur Niel, il a un patrimoine énorme, et aujourd'hui, sa contribution à l'effort national, elle est extrêmement faible". 

Il s'agit là d'une autre imprécision puisqu'Iliad, la maison mère de Free, que Xavier Niel a créée, fait travailler 18.000 personnes en France.

Quand il a cassé les prix sur les abonnements mobiles, l'UFC Que Choisir a estimé que ça avait redonné 7 milliards de pouvoirs d'achat aux Français. Il a créé l'école 42, il héberge des start-up à Station F, il a ouvert un campus agricole et numérique baptisé Hectar. Il investit donc dans l'économie française, c'est une évidence.

Pourquoi autant d'approximations ?

Alors pourquoi autant de bêtises et d'approximations ? Par ignorance, par idéologie. En 2023, Jean-Luc Mélenchon a dit avoir honte d'avoir l'homme le plus riche au monde de l'époque, Bernard Arnault, comme concitoyen.

Mais c'est aussi notre faute, à nous, les médias. Nous avons souvent commenté les classements de Forbes, de Challenge, sur les plus grosses fortunes du monde. Nous devrions préciser à chaque fois que l'argent qu'on attribue aux Arnault, Musk, Bezos, est une estimation faite à partir de leur part dans les entreprises qu'ils ont créées. 

Mais ils n'ont pas ces sommes sur leur compte en banque, sinon, ça voudrait dire qu'ils ont vendu. On comprend donc à quel point il faut expliquer encore et toujours l'économie. Ce qu'il restera, c'est de la politique et beaucoup de mauvaise foi.