Pourquoi Marine Le Pen n'est pas obligée de répondre aux enquêteurs
ÉCLAIRAGE - La présidente du Front national bénéficie d'une immunité parlementaire grâce à son mandat d'eurodéputée.

Marine Le Pen esquive la justice. Dans le cadre de l'affaire des soupçons d'emplois fictifs portant sur ses assistants parlementaires européens, la présidente du Front national a refusé de répondre favorablement à une convocation lancée par les enquêteurs de l'Office anticorruption de la police judiciaire. Elle a fait savoir, vendredi 24 février, qu'elle "ne répondrait pas pendant la campagne électorale" à quelconque question de la police sur ce sujet : "Cette période ne permettant ni la neutralité ni la sérénité nécessaire au fonctionnement correct de la justice".
Comme n'importe quel justiciable, Marine Le Pen a effectivement la possibilité de décliner une simple convocation judiciaire. Mais généralement, la suite pour un citoyen lambda implique le fait de voir les policiers débarquer chez soi, pour être emmené par la force dans le cadre d'une garde à vue. Mais ce risque est nul pour Marine Le Pen, car son mandat de députée européenne la protège grâce à l'immunité parlementaire qui va avec. Aucune mesure coercitive ne peut donc être prise à son encontre.
Des poursuites pourraient être envisagées si l'immunité parlementaire était levée. Il faudrait que les juges instructeurs en fassent la demande auprès du Parlement européen, qui se prononcerait par un vote. En octobre 2016, les eurodéputés avaient levé l'immunité de Jean-Marie Le Pen. Il avait ainsi pu être poursuivi par la justice française pour incitation à la haine raciale. Mais cela prend généralement plusieurs mois. Pour le moment, et sans doute jusqu'au premier tour, Marine Le Pen peut donc continuer à tourner le dos à la justice.
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