C'est l'autre affaire de cette campagne
présidentielle. Depuis l'ouverture en décembre 2015 d'une information judiciaire pour abus de confiance et recel, escroqueries en bande
organisée, faux et usage de faux et travail dissimulé, le Front national est
dans le viseur du pôle financier du parquet de Paris. Le parti est accusé
d'avoir employé fictivement plusieurs de ses membres comme
assistants parlementaires au Parlement européen. Thierry Légier, le garde du
corps de Marine Le Pen et Catherine Griset, sa cheffe de cabinet sont
soupçonnés d'avoir bénéficié de ces emplois fantômes. Après avoir été entendus
par la Direction centrale de la police judiciaire, ils ont été placés en garde
à vue ce mercredi 22 février.
Thierry Légier, ce nom ne vous dit peut-être rien, et pourtant, il gravite depuis 1992 aux côtés de la famille Le Pen. Ce colosse d'1,90 m et 97 kg a
commencé par devenir le garde du corps de Jean-Marie Le Pen, une période qu'il
a raconté dans un livre paru en 2012, intitulé "Mission Le Pen". Il y
indique avoir été contacté à l'époque par un adjoint de Paul Barril, l'ancien
patron de l'antiterrorisme français qui a ensuite monté une société de sécurité
privée. On lui propose alors de remplacer "Freddy, le bourreau de
Béthune", une ancienne star du catch devenue garde du corps du président
du Front national.
La décision n'est pas facile à prendre pour cet ancien parachutiste du 3e
RPIMA de Carcassonne, qui a servi en Nouvelle-Calédonie, en Centrafrique,
au Tchad. "Au niveau professionnel, c'était marqué", confie Thierry
Légier. Celui qui a milité au mouvement monarchiste Action française à l'âge de
15 ans accepte finalement le poste. Dans son livre, Thierry Légier détaille les
18 ans passés auprès de Jean-Marie Le Pen, évoquant par exemple les meetings
chahutés par "les gauchistes".
Le "gorille" de l'ancien président du Front national évoque dans
une interview au Point avoir souvent "travaillé sur le fil du
rasoir". L'une de ses "missions de rencontres secrètes avec des
personnes jugées infréquentables" l'a particulièrement marqué. "En
mai 1996, nous sommes partis d'Amman, en Jordanie, pour rejoindre Bagdad, par
la route en raison de l'embargo. Pendant quinze heures, on a traversé le
désert, en taxi, sans aucun moyen de communication. C'était difficile, mais
nous y sommes arrivés. Jean-Marie Le Pen a pu rencontrer Saddam Hussein au
palais présidentiel", raconte-t-il avec fierté.
L'année 2010 marque un tournant dans sa carrière. Il s'engage en politique
et se fait élire conseiller régional sous l'étiquette Front national en
Seine-Maritime, sur proposition de son désormais ex-employeur. Car c'est depuis
cette année-là que Thierry Légier protège Marine Le Pen. Celui qui se définit
comme "un homme de confiance" assure être prêt à mourir pour elle, révèle 20minutes. En
passant du père à la fille, le garde du corps en a profité pour troquer son 357
Magnum pour un Glock 26, parce que l'arme contient "plus de
munitions". Il confie d'ailleurs entraîner la présidente du FN au tir quand
elle en a le temps. Marine Le Pen est-elle plus facile à protéger que son père
? "Elle est plus malléable", révèle Thierry Légier.
Si cet homme de l'ombre prend toute la lumière depuis quelques jours, c'est
parce qu'il est soupçonné d'avoir occupé fictivement un poste d'attaché parlementaire au Parlement européen. Il aurait bénéficié d'un de ces
contrats d'attaché parlementaire entre octobre et décembre 2011 (7.237 euros
net mensuel pour un trois quart temps). Selon un rapport de l'Office européen
de la lutte anti-fraude (Olaf), publié par Marianne et Mediapart, "Mme Le
Pen a produit au Parlement européen un contrat de travail apparemment
faux pour l’emploi fictif de M. Légier, en qualité d’assistant local,
pour la période d’octobre à décembre 2011".
Toujours dans cette même synthèse, Marine Le Pen aurait reconnu avoir
salarié fictivement son garde du corps comme assistant parlementaire, ce
qu'elle a immédiatement démenti. La candidate à l'élection présidentielle a
même porté plainte contre l'Olaf en Belgique. Pour faire la lumière sur toute
cette affaire, les enquêteurs français ont donc convoqué Thierry Légier et la
cheffe de cabinet de Marine Le Pen Catherine Griset, avant de les placer en garde à vue. Ils devront maintenant apporter les preuves de la réalité de leur
emploi européen. Marine Le Pen, en déplacement à Meaux a réagi et dénonce une "cabale
politique".
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte