Au terme d’un week-end à rebondissements, Agnès Buzyn est finalement candidate à la mairie de Paris pour la République en Marche. Celle qui a démissionné du ministère de la Santé va-t-elle au casse-pipe ou peut-elle sauver les meubles ?
Tout est rocambolesque et affligeant dans cette histoire. Benjamin Griveaux était le pire candidat pour Paris. Il ne devait sa nomination devant Cédric Villani qu’au fait qu’il était un proche d’Emmanuel Macron et qu’il briguait le poste depuis longtemps parce qu’il le pensait imperdable. Moralité, il était en train d’emmener la macronie vers le naufrage.
D’où le fait qu’il ne pouvait pas se maintenir,
que toute son équipe en aurait profité pour déserter, alors qu’objectivement,
dans cette affaire, il est une victime. D’accord, il est consternant qu’un
ministre n’anticipe le risque de diffusion de ce genre de vidéo sur les réseaux
sociaux, ça prouve qu’il est au moins incompétent, mais il a tout de même été
victime d’un artiste autoproclamé aux méthodes dégueulasses. Bref, tout est
lamentable là dedans, pas la moindre grandeur, que des protagonistes sordides.
Agnès Buzyn est impeccable pour la sociologie de la bourgeoisie parisienne
Natacha Polony
Agnès Buzyn semble satisfaire tout le monde. En effet, elle présente bien. Elle a cette image de compétence, de rigueur, qui peut séduire. En plus, ex-belle-fille de Simone Veil : immédiatement, des macronistes ont expliqué que c’était un argument. La respectabilité par mariage. Elle est une bien meilleure candidate que Griveaux, pur aparatchick venu de l’entourage de Dominique Strauss-Kahn.
Là, tout le monde explique qu’elle va au massacre, que la campagne est perdue mais il faut se méfier des certitudes : elle a un profil qui peut séduire ceux qui ne veulent plus d’Anne Hidalgo mais qui ne pouvaient pas se résoudre à voter pour Rachida Dati. Elle est impeccable pour la sociologie de la bourgeoisie parisienne. Pour autant, sa désignation est l’épilogue le plus triste de cette histoire.
La faute première était d'avoir désigné le copain Griveaux
Natacha Polony
Est-ce qu’Emmanuel Macron a conscience du
message qu’il envoie en la désignant ? Vendredi, elle expliquait qu’elle
ne pouvait pas y aller parce qu’en tant que ministre de la Santé, elle avait de
trop gros dossiers, et tout à coup, les dossiers sont moins gros ? Les
urgences sont fluides, les infirmières ne sont plus en grève, la crise de
l’hôpital est réglée ?
Ce gouvernement s’est fait élire sur la
compétence. Avec en tête, Agnès Buzyn, venue de la "société
civile", c’est-à-dire le contraire de ce vieux monde de politiciens
professionnels.
Et là, parce qu’il y a le feu au lac, elle se dédie en 24h parce que le grand chef lui a expliqué que prendre Paris, c’était plus important que de gérer le coronavirus et les urgences ? Evidemment, il n’y avait pas de bonne solution, la faute première était d’avoir désigné le copain Griveaux pour y aller, mais là, on continue dans les arbitrages politiciens, et pour la confiance des citoyens envers les élus, c’est ravageur.
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