Un affrontement fratricide entre deux ministres. Le ministre de l'Agriculture et ancien socialiste Didier Guillaume d'un côté et Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères de l'autre.
Le premier a officialisé le 11 janvier dernier sa candidature à la mairie de Biarritz. Tandis que le second s'affiche aux côtés du maire sortant MoDem qui se représente. "Biarritz a besoin d'une incarnation et d'une impulsion", a déclaré Didier Guillaume, 60 ans, en lançant sa campagne au Jaï alaï (salle de pelote basque, ndlr) de la ville, entouré d'une petite centaine de soutiens.
Il a dit vouloir mettre "les relations européennes et internationales" tissées à son ministère au service de Biarritz, "seule non-capitale à être connue dans le monde entier". "Je serai maire à plein temps", a affirmé Didier Guillaume, assurant que s'il était élu il "ne serait plus au gouvernement". Mais "c'est une décision qui sera prise avec le Président et le Premier ministre", a-t-il tempéré, en réponse à une question explicite sur sa démission.
Longtemps élu de la Drôme, ancien président et sénateur de ce département, Didier Guillaume sera opposé à la liste du maire sortant Michel Veunac, 73 ans, dans laquelle figure Jean-Baptiste Lemoyne, 42 ans, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, ancien sénateur LR de l'Yonne, aujourd'hui membre de LaREM.
Biarritz, cité balnéaire de standing de la Côte basque aux 25.000 habitants, est historiquement ancrée au centre-droit, votant RPR, UMP puis LR aux scrutins nationaux. Le maire centriste depuis 2014, Michel Veunac, a assuré avoir reçu "beaucoup d'encouragements" d'Emmanuel Macron, qui avait confié l'été dernier à Biarritz l'organisation du G7, saluée comme un succès.
"LaREM a fait le choix de la neutralité dans cette ville, ça me va très bien", a pour sa part estimé Didier Guillaume, en référence à l'absence d'investiture officielle du parti présidentiel face à l'affrontement des deux ministres.
Répondant aux critiques de parachutage, Didier Guillaume a rappelé que "50% de la population actuelle de Biarritz n'est pas née à Biarritz". "Je m'engage dans cette élection fort de la façon dont je vis Biarritz depuis 40 ou 50 ans. Je me suis construit ici et je crois que les racines les plus fortes sont celles que l'on se choisit", a-t-il déclaré, lançant qu'il n'a "pas la volonté d'accaparer quoi que ce soit, de descendre en parachute ou de faire du tourisme pour (sa) retraite".
Flanqué de ses principaux soutiens locaux, dont l'ancien premier adjoint (aux Finances) du maire sortant, de membres de l'opposition municipale, Didier Guillaume a dressé les grandes lignes de son projet pour Biarritz, qu'il veut plus "responsable", "citoyenne", "solidaire", "dynamique" et "touristique". Il a assuré être "le seul à pouvoir annoncer que toutes les familles politiques sont sur (sa) liste". Jadis fidèle de François Hollande, Didier Guillaume, partisan d'une gauche "réformiste", s'était prononcé pour un ralliement des socialistes derrière Emmanuel Macron bien avant le premier tour de la présidentielle.
Du reste, Jean-Baptiste Lemoyne est visé par la même accusation de parachutage: autrefois implanté dans l'Yonne, dont il a été sénateur et maire du village de Vallery, le secrétaire d'État fut également élu au début des années 2000 dans le quatrième arrondissement de Paris.
Les parcours de Didier Guillaume et Jean-Baptiste Lemoyne se sont par ailleurs déjà télescopé. En 2017, le nom du second était revenu avec insistance pour décrocher le portefeuille de l'Agriculture, qui avait finalement échu à Stéphane Travers, puis à son rival d'aujourd'hui. Face au duel fratricide, La République En Marche a officiellement décidé d'adopter une "position de prudence" en ne donnant d'investiture à personne, alors que la commune est devenue symbole du macronisme depuis que le chef de l'État y a organisé cet été le G7, considéré comme un succès.
"On a décidé de lever le crayon. C'est délicat", résume le numéro deux du parti, Pierre Person, alors que la doctrine du mouvement présidentiel voulait que tous les maires MoDem sortants soient soutenus par les marcheurs. Dans les rangs de la majorité, on minimise - "C'est une bagarre purement locale" -, on se désole - "C'est sûr que si on avait pu l'éviter, ç'aurait été mieux" - , voire ironise : "Ça fait partie des externalités négatives des grands rassemblements", s'amuse un influent député.
Passée la raillerie, la configuration préoccupe, puisqu'une dizaine de listes se sont déjà déclarées à Biarritz. Surtout, un précédent en 2008 à Reims laisse craindre une mortelle division. À l'époque, les ministres Renaud Dutreil et Catherine Vautrin s'étaient âprement affrontés. Pour finalement laisser la victoire à la socialiste Adeline Hazan.
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