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Georges Pernoud présentait le magazine "Thalassa" depuis 1975. Il est mort le 10 janvier 2021.
Crédit : PIERRE VERDY / AFP
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II y a une forme d’émotion à se dire que pendant presque 45 ans, grâce à Georges Pernoud, des Français de tous âges ont communié autour d’un mot grec. "Thalassa", c’est le cri de joie des mercenaires grecs de l’Anabase qui, après une retraite éprouvante, aperçoivent enfin la Mer Noire. Mais qui lit encore Xénophon ?
Alors, pour les Français, Thalassa, c’est avant tout un cérémonial du vendredi soir, qui nous renvoie à une période où des millions de Français se retrouvaient à la même heure pour partager un même programme, comme un horizon commun. En 2004, Thalassa avait atteint jusqu’à 4 millions et demi de téléspectateurs. Juste pour regarder un documentaire sur La Pérouse et son expédition scientifique dans le Pacifique. 4,5 millions de Français qui se souviendront que jusque sur l’échafaud, Louis XVI demanda des nouvelles de l’expédition disparue.
Mais Thalassa, c’était aussi la découverte du monde de la mer, de ceux qui y vivent. Là aussi, c’est un exemple extraordinaire de la force pédagogique de la télévision, quand elle n’est pas soumise aux impératifs économiques. Et c’est la preuve que, quand on propose aux gens des programmes exigeants, ils en redemandent.
La mer, les océans, sont le dernier inconnu sur cette planète. Parce qu’on ne voit pas ce qui s’y passe, il a fallu un temps infini pour se rendre compte de la catastrophe écologique qui s’y préparait, des ravages des filets dérivants, des plastiques, de la diminution dramatique de la ressource halieutique. Et Thalassa était une émission pionnière, qui a contribué à nous ouvrir les yeux, à une époque où ces enjeux n’intéressaient personne.
Et puis, c’était aussi une histoire d’hommes et de femmes, profondément touchante, de pêcheurs, de marins, d’explorateurs… La confrontation aux éléments, à leur dureté, cette idée que nous ne pouvons pas maîtriser la nature mais qu’il nous faut apprendre à la connaître… Autrefois, c’était la lecture de Pierre Loti, Pêcheurs d’Islande, ou de Victor Hugo, Les Travailleurs de la Mer, qui nous ouvrait à cette étrangeté radicale de l’océan. Eh bien pendant 45 ans, France 3 aura fait ce travail.
La question que l’on ne peut s’empêcher de se poser, en saluant la mémoire de Georges Pernoud, c’est de savoir si la télévision, et ses remplaçants que sont les plateformes de streaming, permettront encore de forger une culture commune exigeante, parfois aride, et pourtant absolument nécessaire.
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