L'effet papillon ? La France insoumise pourrait bien être en train de le tester grandeur nature. Jean-Luc Mélenchon a crevé l'abcès en expliquant dans un entretien au site Reporterre souhaiter "être remplacé" pour l'élection présidentielle de 2027.
Ces mots ont déclenché une réaction au sein du groupe des députés de la France insoumise. Qui va prendre la relève et incarner la suite pour les prochaines échéances électorales ? Si la question provoque immédiatement le silence de ceux à qui on la pose, de la friture commence à circuler sur la ligne entre les députés du mouvement.
Le casting est lancé et plusieurs se dégagent : Manon Aubry, Clémentine Autain, Manuel Bompard, Eric Coquerel, Alexis Corbière, Adrien Quatennens, Mathilde Panot, François Ruffin... Tous sont députés de la France insoumise et ont été des éléments clés lors de la campagne présidentielle de 2022. Qui va se lancer ?
Pour l'instant, personne ne prend de l'avance et évoque l'après Mélenchon. Pourquoi ? La réponse vient de l'ancien candidat à la présidentielle lui-même. "Le premier qui déclenche une guerre civile (au sein du mouvement, ndlr), il aura affaire à moi", a mis en garde l'ancien député LFI des Bouches-du-Rhône.
D'après lui, "il y a toujours des bonnes raisons pour déclencher des guerres... Mais voilà ma consigne : faites-vous aimer. Celui ou celle qui sera le plus aimé du grand nombre, vous verrez que cela vous paraîtra naturel de dire : 'Allez, vas-y !'".
Mais est-ce vraiment aussi simple ? Surtout que Jean-Luc Mélenchon a rétropédalé quelques heures seulement après avoir ouvert la porte de sa succession. Sur le plateau de C dans l'air, le leader de la France insoumise jette le flou. "Etre remplacé dans 5 ans ? Je raconte n'importe quoi pour qu'on me foute la paix. Je ne sais même pas si, en sortant ce soir, je ne vais pas mourir !" Pas de réponse ferme et définitive donc.
Des députés de la France insoumise semblent avoir déjà trouvé une raison de déclencher une guerre. La cible : François Ruffin. Invité de France inter le 6 septembre, le député LFI de la Somme a souhaité "s'adresser avec gravité à la gauche" et "lui demander si elle veut conquérir cet électorat populaire de la France des 'gilets jaunes', de la France des ronds-points, des France périphériques". "Est-ce qu'on a la volonté de le faire ?", a-t-il ajouté.
Il a exprimé avoir "plus qu'un doute" sur cette volonté de la gauche. "Quand on voit le score réalisé dans le Nord-Pas-de-Calais et en Picardie par le RN. En Picardie, ce sont 8 députés sur 17. Dans le Pas-de-Calais, ce sont 6 sur 12. (...) On est dans des terres qui ont été creusés par le socialisme et le communisme pendant un siècle et j'entends parfois que ce sont des territoires qui n'ont jamais accepté la démocratie et donc ce serait presque naturel qu'ils se tournent vers le RN. J'entends un certain nombre de signes qui sont des signes d'abandon".
Diviser, opposer, c'est la logique de l'adversaire. C'est une impasse
Bastien Lachaud, député LFI de Seine-Saint-Denis, sur Twitter
Le constat est dur et a déclenché les réactions de certains élus de la France insoumise. Alexis Corbière lui a répondu sur Twitter : "Mais pourquoi taire nos bons scores dans des départements (93, 94..) qui sont aussi populaires ?". Le député LFI de Seine-Saint-Denis a cru bon de lui rappeler que "la Nupes c'est 43% chez ceux qui gagnent moins de 1.250 euros, et que le premier comportement électoral des milieux populaires est l'abstention, pas le RN".
Bastien Lachaud, aussi député LFI de Seine-Saint-Denis, a interpellé François Ruffin sur Twitter. "Le peuple est dans les grandes villes autant qu'à la campagne, a-t-il écrit. Le fédérer dans sa diversité autour d'un idéal commun d'émancipation, c'est le combat historique de la gauche. Nous le menons avec Jean-Luc Mélenchon. Diviser, opposer, c'est la logique de l'adversaire. C'est une impasse".
Antoine Léaument, député LFI de l'Essonne a souhaité rappeler à François Ruffin qu'"opposer les citoyens des quartiers et des campagnes en invisibilisant la mobilisation des premiers pour dire qu'on a pas parlé aux seconds, c'est participer à la logique de division du peuple de nos adversaires. Il faut créer du commun, pas du clivage".
Anticipant l'après-Mélenchon, la députée LFI de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain milite pour davantage de "pluralisme" et "d'ancrage territorial" au sein de la France insoumise. Elle regrette l'organisation "gazeuse" du mouvement. "Les lieux de la prise de décision restent flous, l'espace du débat stratégique n'est pas identifié, la partition entre le local et le national mériterait d'être redéfinie", expliquait-elle.
Elle déplore la permanence d'un "petit noyau de dirigeants" qui va à l'encontre de la "diversité" et de la "pluralité" qu'elle souhaite. La députée prône "l'alliage du consensus et du pluralisme", avec des votes en cas de blocage. Afin de rénover la France insoumise, Clémentine Autain propose que les "groupes d'action", qui rassemblent localement les militants insoumis, soient mieux coordonnés entre eux. "Il est nécessaire que LFI existe aussi à cette échelle, celle d'une ville, d'une agglomération, d'un 'pays', d'un département voire d'une région".
Des lignes se dessinent au sein du mouvement. Reste a savoir si elles pourront toutes coexister avec celle Jean-Luc Mélenchon.
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