Le sujet qui fait voler en éclat la solidarité gouvernementale. Depuis plusieurs jours, la polémique concernant les propos d'un élu Rassemblement national envers une femme voilée lors du conseil régional de Bourgogne-France-Comté provoque des remous au sein de la classe politique. Alors que la droite et la gauche ont des positions bien définies et connues sur le sujet, les secousses sont plus vives pour La République En Marche.
En effet, le gouvernement d'Emmanuel Macron se divise sur les réponses à cette polémique. Ce qui fait tressaillir certains députés La République En Marche. L'affrontement qui résume le mieux cette division est celle entre Jean-Michel Blanquer et le député Aurélien Taché. Dans une interview au Point, l'élu du Val-d'Oise et co-animateur du pôle idées de La République En Marche accuse Jean-Michel Blanquer de "renforcer" le Rassemblement national par ses positions "confuses" sur le voile. Colère noire du ministre de l'Education nationale.
Une cellule de médiation au sein du parti présidentiel a été mise en place. "Une décision sensible, car une telle commission est habilitée à 'prononcer des sanctions proportionnées à la gravité des manquements commis', allant de l’exclusion du parti à la mise en garde ou au simple rappel à l’ordre", note Le Monde. Mais pourquoi ce sujet sème-t-il la zizanie au sein de la majorité ?
La République En Marche est-elle arrivée aux limites du "en même temps". L'essence même du parti réside dans le fait de rassembler des personnalités politiques, de droite, de gauche et du centre. Des courants politiques qui ont des visions bien tranchées et différentes en ce qui concerne les sujets sociétaux.
Ainsi, les ministres issus de la droite comme Jean-Michel Blanquer, Gérald Darmanin et Bruno Le Maire défendent l'idée selon laquelle le "voile n'est pas souhaitable dans notre société", comme l'explique le ministre de l'Education. "Nous ne souhaitons pas encourager le phénomène", ajoutait-il en commentant une affiche de la fédération de parents d’élèves FCPE défendant le droit de mères voilées de faire des sorties scolaires.
Position radicalement différente pour d'autres membres du gouvernement, anciennement dans les rangs du Parti socialiste comme Sibeth Ndiaye. La porte-parole du gouvernement et le secrétaire d'Etat Cédric O affirment ne pas avoir "de difficulté à ce qu’une femme voilée participe à des sorties scolaires".
Emmanuel Macron est pressé par ses opposants politiques de prendre la parole sur la laïcité. Mais aussi au sein de son propre camp. "Depuis des mois, l’Elysée évoque une prise de parole d’Emmanuel Macron sur la laïcité. Plusieurs membres de son entourage l’incitent à avoir une parole forte sur le sujet", note Le Monde citant un soutien du chef de l'Etat : "Le président a joué au chat et à la souris sur ce thème, mais il voit bien que la vox populi lui réclame des éclaircissements. Il doit clarifier sa position".
Olivier Bost, éditorialiste politique chez RTL, explique qu'"il n'y aura pas de discours car le Président n'est jamais sous la pression. Il ne répondra pas non plus à la tribune des 90 personnalités, dont l’acteur Omar Sy, qui lui ont demandé de condamner l’agression de la mère de famille par l’élu du Rassemblement national".
Autre point : "Emmanuel Macron ne veut pas tout mélanger. Dans son esprit, la lutte contre la radicalisation, le communautarisme, la structuration de l’Islam, ce sont trois sujets bien différents. Sur ces sujets, il estime qu’il y a déjà des réponses mais pas besoin de grand discours. Lors de ses vœux aux religions l’année dernière, le chef de l'État avait donné sa façon d’aborder la question de l’islam : 'Tâtonnons, tâtonnons ensemble de manière ouverte et dépassionnée', avait-il dit. Si on attend que ça soit dépassionné pour avoir un grand discours, on va effectivement attendre longtemps", explique Olivier Bost.
Quant à Edouard Philippe, le premier ministre a déclaré qu'il ne souhaitait pas "faire une loi sur les accompagnants scolaires", dans un contexte de polémique sur le port du voile, pointant plutôt "l'enjeu" des "dérives communautaires" et de la "déscolarisation".
"Je ne pense pas pour ma part (...) que l'enjeu aujourd'hui ce soit de faire une loi sur les accompagnants scolaires", a souligné le Premier ministre à l'Assemblée nationale, en réponse au député (LR) Jean-Louis Masson, qui l'exhortait à "sortir de l'ambiguïté". "Serez-vous prêt oui ou non à interdire le port du voile lors des sorties scolaires", avait lancé l'élu du Var.
"L'enjeu, c'est de combattre efficacement, avec le soutien de l'ensemble de nos concitoyens, les dérives communautaires", a poursuivi le premier ministre avant d'ajouter : "L'enjeu, c'est d'éviter que les enfants, en raison des convictions religieuses de leurs parents pouvant relever du communautarisme ou de l'islam politique, échappent à l'école (...) Ma ligne, c'est de me battre pour défendre la laïcité".
La crise idéologique au sein de la République En Marche n'est pas prête de s'arrêter. Des députés LaREM se désolidarisent d’Aurore Bergé sur le voile en sortie scolaire avec le #NotInMyName (Pas en mon nom, ndlr) sur Twitter. La porte-parole du parti de la majorité a indiqué qu’elle allait voter une proposition de loi des Républicains pour interdire le port du voile aux femmes qui accompagnent des groupes d’élèves.
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