Comme l'annonçait RTL dès la veille, Manuel Valls a dégainé mardi 5 juillet l'article 49.3 sur la loi Travail. Cet article permet de faire passer un texte sans vote. Une fois encore le Palais-Bourbon a été le théâtre de la fracture entre socialistes. À tel point que la droite a quitté l'hémicycle pour les laisser "entre eux". Habituellement on désapprouve cette façon de déserter les rangs de l'Assemblée Nationale, mais on peut comprendre que l'opposition n'ait pas souhaité assister à se désolant spectacle de querelles fratricides. Des députés socialistes qui ont failli en venir aux mains, d'autres qui réclament la démission de Manuel Valls, d'autres qui insistent pour déposer une motion de censure, un Manuel Valls accusé de brutalité qui rétorque aux frondeurs "qu'on a assez joué".
On hésite entre La Zizanie, l'album d'Astérix et Obélix où le fameux Romain Détritus envoyé par César parvient à semer la discorde dans le village gaulois, et Game of Thrones, particulièrement la saison 6 qui acte la chute du pouvoir avec ce mur de glace gigantesque qui tient debout grâce à un sortilège mais qui pourrait s'effondrer, derrière lequel sont retranchés les "affreux squelettes", qui seraient un peu comme les vieux fantômes, les vieilles idées de gauche.
Quand un gouvernement est obligé de passer en force tout le temps contre sa majorité, on ne voit pas bien le gain que cela peut rapporter. On parle beaucoup de Michel Rocard en ce moment qui avait énormément utilisé le 49.3 car il avait une majorité très courte. Le problème de Manuel Valls n'est pas d'avoir une majorité courte. Son problème est d'avoir une majorité fracturée qui l'oblige à sortir l'arme atomique contre son camp.
On sait bien ce que cherche Manuel Valls : il cherche à laisser l'image de l'homme qui n'a pas cédé. Il est dans une démarche de rupture, dans cette volonté de clarification, entre une gauche plus libérale qu'il souhaite incarner et une gauche anti-libérale sur le plan économique.
Est-ce que cette méthode de passage en force lui permettra de reconstruire après 2017 ? Est-ce que ce nouveau 49.3, qui aura montré qu'il n'est pas parvenu à rallier ses propres troupes à ses idées, lui permettra de s'engager sur une autre voie, hors PS ? Ou bien est-ce que le risque qui le guette est de s'aventurer sur un chemin solitaire ? On verra. Mais pour devenir président un jour, il vaudra mieux trouver une majorité.
Voilà ce qui arrive lorsqu'un président n'a plus de majorité. Ce 49.3, pour François Hollande, sonne comme le signe d'une ambiance de fin de régime. Le chef de l'État ne pouvait pas céder sur cette loi Travail. Il a déjà cédé sur tout. La Cour des comptes le lui a amèrement rappelé ces derniers jours, en pointant les 4 à 6 milliards de dépenses de ces six derniers mois. Il ne pouvait pas céder non plus, après l'avoir fait sur la déchéance de nationalité.
Mais que de tensions, partout et tout le temps, dans la rue, dans son électorat, au PS. Même parmi les proches du Président, le climat s'est envenimé. Il n'y a qu'à voir les relations exécrables entre les ministre de Bercy. Lui qui promettait une "France apaisée" ! L'espace d'un quinquennat, l'orfèvre en synthèse se sera transformé en orfèvre en fragmentation.
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