"Les habitudes ne se perdent pas si facilement" : la parité homme-femme est-elle respectée en politique ?

Il y a aujourd'hui 369 députés hommes pour 208 femmes et le sexisme, lui, se porte bien. Sous le regard de la statue de Simone Veil dans les jardins de l'Assemblée, une grande partie des femmes députées font le même constat. "Il y a énormément de travail encore à faire sur le sexisme en politique", dit l'une. "Il y en a toujours à faire. C'est un éternel recommencement puisque les habitudes ne se perdent pas si facilement", ajoute une autre.

"Je pense qu'il y a eu un avant et après MeToo dans la classe politique. Je ne sais pas si une page est définitivement tournée parce que vous voyez, on n'est pas très loin de la statue de Simone Veil. Et c'est Simone Veil qui appelait les femmes à rester constamment vigilantes parce que le recul pouvait venir à tout moment", explique encore une autre députée. 

Dans l'hémicycle par exemple, il y a ce qu'on entend dans les micros et les à-côtés, de véritables comportements sexistes, selon l'écologiste Sabrina Sebahi. "Quand ce sont des femmes qui prennent la parole, souvent, il y a des quolibets. On peut entendre 'ne t'énerve pas', 'prends une tisane, ça ira mieux après', j'ai même eu le droit une fois à 'pisseuse', 'tu n'étais pas allée à l'époque'" pour déstabiliser, pour aussi dire que nos arguments ne sont pas valables parce que d'abord, on est des femmes, des hommes qui soupirent, qui ont l'air excédés", raconte-t-elle.

La répartition des sujets

Des attitudes et des réflexes qui persistent quand il faut se répartir les sujets. Stella Dupont, siège au groupe Renaissance en juillet, elle se souvient de l'attribution des sièges macronistes au sein des commissions thématiques.

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"La commission des finances ne comptait aucune femme, alors que des femmes comme moi avaient candidaté pour siéger dans cette commission. Ça ne choquait personne, manifestement. Donc, il a fallu que je me fâche pour que ce soit rectifié. Et à l'inverse, d'autres commissions restent très féminines, comme les affaires sociales. Il y a des secteurs réservés, entre guillemets, pour lesquels les femmes ne sont pas forcément bienvenues, estime-t-elle. Aux hommes, le régalien et les cordons de la bourse. Aux femmes, l'éducation et la santé pour caricaturer.

Quelques progrès

Il y a quand même des progrès. Depuis 2022 et pour la première fois, c'est une femme à la tête de l'Assemblée nationale. Et au-delà du symbole, toutes les députées à qui j'ai parlé saluent l'action de Yaël Braun-Pivet sur le sujet. Et puis au sein de certains groupes, on tente de nouvelles choses pour progresser, comme chez les socialistes, lors de leur réunion du mardi matin, explique Ayda Hadizadeh.

"Le président de groupe Boris Vallaud, il alterne les prises de parole, une femme, un homme. Et régulièrement, Boris Vallaud le dit, 'allez, il y a trop d'hommes qui sont inscrits, chères collègues, exprimez-vous. Il faut que nous-mêmes, femmes, on se pousse et qu'on s'enlève cette espèce de syndrome de l'imposteur ou ce soit le syndrome d'illégitimité qu'on peut avoir", constate-t-elle.

Une prise de conscience aussi chez les hommes députés

Ce sexisme, les hommes députés le constatent aussi, ils en sont conscients, même si c'est souvent plutôt les autres. "On a toujours parfois des remarques de la part des collègues quand une femme parle. Je pense traiter une députée femme comme je traiterais un député homme", assure l'un. "Je ne me suis pas trouvé confronté à ça", témoigne un autre. "Je travaille beaucoup sur les sujets régaliens et je travaille avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de femmes", constate encore un autre député.

Dans tous les cas, hommes comme femmes, tous les députés s'accordent, il y a encore du chemin à parcourir.