"Je n'ai pas l'esprit de défaite". Emmanuel Macron ne mènera pas la campagne de la majorité pour les élections législatives, mais cela ne l'a pas empêché d'exposer pendant plus d'une heure sa vision. Le chef de l'État a ciblé à de nombreuses reprises le Rassemblement national et la France insoumise qu'il qualifie respectivement d'"extrême droite" et "d'extrême gauche".
"Je ne veux pas donner les clés du pouvoir à l'extrême droite en 2027", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse ce mercredi 12 juin. "J'assume totalement d'avoir déclenché un mouvement de clarification" en dissolvant l'Assemblée, a-t-il défendu.
"Quand 50% des Français votent aux extrêmes, que vous avez une majorité relative à l'Assemblée, vous ne pouvez pas leur dire : 'On continue comme si de rien n'était'. Ce n'est pas les respecter, c'est pas les entendre. Je veux qu'il y ait un gouvernement qui puisse agir pour répondre à leur colère, à leurs urgences. Si les gens ont peur (qu'un Premier ministre d'extrême droite soit nommé à Matignon, ndlr) eh bien le sursaut, c'est pour maintenant", a-t-il déclaré.
Emmanuel Macron ne débattra pas avec Marine Le Pen. "J'ai fait cette offre de clarification avant les européennes parce qu'elle l'avait soumise. Elle ne s'est pas rendue au rendez-vous (...) Je comprends que madame Le Pen voulait rejouer la présidentielle en disant (...) qu'il fallait ensuite que je démissionne. Je l'invite à relire la Constitution. Donc, non", a-t-il répondu.
"Les masques tombent" et "la bataille des valeurs éclate au grand jour" en vue des législatives anticipées, a-t-il lancé. Le président a critiqué l'ensemble de la classe politique. Après avoir "pris acte d'un blocage" à l'Assemblée nationale, la dissolution "permet seule la clarification des choses", a-t-il dit, en pointant du doigt l'alliance du président Les Républicains Eric Ciotti et du Rassemblement national.
"Oui, j'ai une responsabilité, j'ai une responsabilité dans le fait que sans doute je n'ai pas apporté de réponses assez rapides et radicales à des inquiétudes légitimes qu'avaient nos compatriotes", a-t-il reconnu. Il a aussi reconnu avoir manqué de réponses "au malaise qui existe dans la ruralité", "au sentiment de perte de contrôle, de dépossession, aux peurs qui existent, au sentiment aussi de déclassement qu'il y a dans certains de nos quartiers".
Quant à la gauche, Emmanuel Macron a estimé que l'alliance "Front populaire" en cours de constitution entre le PS, le PCF, EELV et LFI "n'est même pas baroque" mais "indécente", disant avoir "une pensée ces 24 dernières heures pour Léon Blum". "S'il y en a un qui doit se retourner dans sa tombe aujourd'hui, c'est Léon Blum, en pensant qu'on a appelé 'Front populaire' une alliance électorale qui permettra de donner 300 circonscriptions à LFI, et donc à des gens qui ont assumé très clairement de ne pas condamner l'antisémitisme : ce n'est pas ça, le Front populaire, ça a un sens dans notre histoire, ça a un rôle, ça a une dignité", a-t-il ajouté.
Il a aussi accusé la France insoumise d'avoir créé un "désordre parfois constant" et "inquiétant" au palais Bourbon, reprochant en outre à "l'extrême gauche" "antisémitisme" et "antiparlementarisme".
Le chef de l'État ne voit pas "comment un radical de gauche, un social-démocrate, un socialiste, un écologiste et même un communiste peut continuer à faire cause commune avec quelqu'un qui, par ses positions, a montré qu'il n'était plus dans les valeurs de la République". Il a aussi suggéré que la majorité "ne présente pas de candidat" contre des candidats de gauche qui auraient "le courage" de ne pas suivre le Front populaire.
Le chef de l'État a annoncé "un grand débat sur la laïcité" pour prendre "des mesures claires".
"L'autorité républicaine, donc, à tous les étages, avec des éléments très clairs (...) qui est le renforcement d'un axe régalien", a-t-il affirmé dans des propos liminaires à une conférence de presse organisée après la dissolution de l'Assemblée nationale. Il a proposé "plus de fermeté, mais dans le cadre de la République et de ses valeurs". "C'est aussi cela qui nous oppose (...) aux deux extrêmes", a-t-il jugé. "Ce qui est proposé aujourd'hui par l'extrême gauche, c'est une réponse par le communautarisme et le laxisme", et "ce qui est proposé par l'extrême droite et ceux qui s'y allient, c'est une réponse à l'insécurité par la sortie de la République, de ses valeurs, de son socle même".
Le président de la République a confirmé vouloir construire "huit nouveaux réacteurs nucléaires" EPR2, en plus des six premiers réacteurs déjà confirmés. "Le programme de gouvernement devra acter des décisions fortes, comme, par exemple, huit nouveaux réacteurs nucléaires indispensables" à la transition énergétique du pays, qui s'est engagé à sortir des énergies fossiles, a déclaré le président.
Le 10 février 2022, avant même la guerre en Ukraine, le président avait annoncé une ambitieuse politique de relance du nucléaire prévoyant la prolongation de la durée de vie des réacteurs nucléaires en activité et la création de six réacteurs de nouvelle génération (EPR2), avec une mise en service d'ici 2035-2037 pour les deux premiers et le lancement d'études pour créer huit réacteurs supplémentaires.
Emmanuel Macron a promis que les retraites resteront "bien indexées sur l'inflation", contrairement aux affirmations du Rassemblement national qui affirme que le gouvernement a un "agenda caché" sur le sujet. "Je vais être très clair les retraites seront bien indexées sur l'inflation, le pouvoir d'achat des retraités, ce n'est pas une variable d'ajustement", a-t-il indiqué en accusant "les blocs d'extrême gauche" et "d'extrême droite" de mettre le système de retraite "en banqueroute" en proposant de revenir sur la réforme des retraites de 2023.
Il a aussi souhaité "supprimer un échelon territorial" dans l'organisation administrative française, et donner le "choix" aux citoyens de "rouvrir la question des grandes régions qui ont éloigné la décision", sensible dans plusieurs d'entre elles. "Il nous faut déconcentrer beaucoup plus rapidement, mais il faudra supprimer un échelon territorial pour ramener plus de simplicité et de liberté sur les territoires, rouvrir la question de ces grandes régions qui ont éloigné la décision et redonner la liberté de choix sur le terrain à nos compatriotes s'ils veulent revenir sur ce sujet", a-t-il affirmé.
Le chef de l'État s'est prononcé pour l'interdiction du téléphone "avant 11 ans" et des réseaux sociaux "avant 15 ans", dans la ligne du rapport remis au président par une commission d'experts sur l'impact de l'exposition des jeunes aux écrans. Par ailleurs, le chef de l'État a fait "un mea culpa" sur le sujet du "logement des jeunes". "C'est un sujet sur lequel nous n'avons pas assez avancé et où la France a été trop timide et j'en porte la responsabilité", a-t-il déclaré.
Le projet de loi constitutionnelle, modifiant le corps électoral de Nouvelle-Calédonie, à l'origine des émeutes sur place, est "suspendue", a précisé Emmanuel Macron. Objectif : "donner toute sa force au dialogue sur place et au retour à l'ordre". "Le projet de loi constitutionnelle qui a été voté dans les mêmes termes par les deux chambres, j'ai décidé de le suspendre parce qu'on ne peut pas laisser l'ambiguïté dans la période", a déclaré le chef de l'État lors de sa conférence de presse. De facto, le chef de l'État ne peut convoquer de Congrès depuis la dissolution de l'Assemblée nationale.
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