Législatives 2024 : le ralliement de Ciotti au RN plonge LR dans l'inconnu

Une digue vient de sauter. Tandis que les rumeurs se faisaient de plus en plus pressantes sur un éventuel ralliement des Républicains au Rassemblement national, Éric Ciotti s'est exprimé, ce mardi 11 juin, sur TF1 et a mis au suspense. Le président des Républicains a ainsi confirmé "une alliance avec le Rassemblement national" pour les élections législatives anticipées.

Le député Les Républicains sortant des Alpes-Maritime a indiqué souhaiter que sa famille politique "aille dans ce sens". Cet accord électoral "concernera tout le territoire national". "Tous les députés républicains sortants qui souhaitent ne pas avoir d’adversaire du RN peuvent ne pas avoir de concurrent", a-t-il expliqué. 

Éric Ciotti espère ainsi garantir à sa famille politique "d’avoir le même nombre de sièges". Le groupe des députés Les Républicains comptait, avant la dissolution, 61 élus. 

Nous avons besoin d'une alliance, en restant nous-mêmes (...) avec le Rassemblement national et avec ses candidats

Éric Ciotti, président des Républicains, sur TF1

Les députés Les Républicains siègeront-ils dans un groupe Rassemblement national lors de la prochaine mandature ? Non, répond le président du parti qui assure que les élus "siègeront dans un groupe Les Républicains".

Sans adresser un message aux membres de sa famille politique contre sa décision, celui qui déclarait par le passé ne "jamais" s'associer avec Marine Le Pen l'assure : "Nous avons besoin d'une alliance, en restant nous-mêmes (...) avec le Rassemblement national et avec ses candidats".

Éric Ciotti sur le sellette ?

Quelques minutes avant la prise de parole d'Eric Ciotti, secrétaire générale de LR, Annie Genevard assurait que la veille, lors d'une réunion avec le président des LR, mais aussi Bruno Retailleau, le président des sénateurs LR, Olivier Marleix, le président des députés LR sortant et François-Xavier Bellamy, il avait été acté que le parti bataillerait sous ses couleurs. 

Vers une scission des Républicains ? Dans la foulée de la prise de parole d'Éric Ciotti, le président LR du Sénat Gérard Larcher a assuré devant ses sénateurs qu'il "n'avalisera jamais" un accord avec le Rassemblement national. "Un accord avec le RN est contraire à l'intérêt de la France et à notre histoire", a-t-il lancé. Le président du Sénat a aussi demandé la démission du président de son parti. 

Réponse du principal intéressé : "Je suis président et je reste président des Républicains". "Mon mandat, je le tiens des militants, et seuls les militants pourraient me l'enlever. Je le dis très clairement et je ne céderai pas à ce genre de décision ou de propos", a-t-il insisté.

Laurent Wauquiez a aussi pris ses distances avec la décision d'Eric Ciotti. "Je crois à la politique qui est faite dans la clarté, en défendant ses idées : parfois on convainc, parfois on ne convainc pas, mais on ne trahit jamais", a-t-il déclaré, avant d'annoncer sa candidature aux législatives dans son fief de Haute-Loire. Pour rappel, en 2019, après la débâcle électorale des Républicains aux européennes et accusé de proximité avec les idées du Rassemblement national, Laurent Wauquiez avait quitté son poste à la tête du parti. Il a toujours nié toute volonté d'accord avec le parti de Jordan Bardella.

Il nous a menti dans un but sans doute personnel (...) pour nous placer dans une situation telle qu'on ne puisse pas se retourner

Bruno Retailleau, président des groupes Les Républicains au Sénat

Ténor au sein des Républicains, Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, a aussi pris la parole. Il a débuté en citant ces propos : "Les Républicains ne feront jamais d'alliance avec le Rassemblement national. Nous avons des divergences idéologiques profondes et nous devons préserver notre indépendance et notre intégrité". Le sénateur ajoute que cette phrase a été prononcée par Eric Ciotti, le 16 janvier dernier. 

"Je pense que c'est une double faute, à la fois sur le fond et dans la manière", a ajouté Bruno Retailleau. Il "nous a menti dans un but sans doute personnel (...) pour nous placer dans une situation telle qu'on ne puisse pas se retourner", a-t-il déploré. 

Si cet accord électoral avec la droite marque une victoire dans cette campagne des législatives pour le Rassemblement national. Il s'agirait d'une première dans la vie politique française. Coup sur coup, Marine Le Pen et Jordan Bardella ont tendu la main à la droite, en affirmant que des candidats RN pourraient ne pas être présentés face à des députés LR sortants. Il n'en fallait pas moins pour réactiver la fracture au sein des Républicains, tiraillés entre la macronie, le RN et leur désir d'indépendance.

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