Le Congrès de l’Association des maires de France s’ouvre aujourd’hui dans une ambiance un peu particulière, à quelques mois des élections municipales. Un sur deux ne se représente pas : il faut s’alarmer ?
Pendant des années, personne ne s’intéressait à eux. Ils faisaient le boulot sans aucune reconnaissance. Si, ils étaient les élus préférés des Français. Et c’était censé suffire, comme médaille. Et puis sont arrivés les cas de maires poursuivis ou emprisonnés pour un panneau de basket tombé dans la cour de l’école. Les cas de harcèlement juridique, les injures, les agressions. Jusqu’à la mort de Jean-Mathieu Michel, maire de Signes, écrasé par un chauffard venu déverser des gravats sur un chemin de sa commune.
Et là, on s’est aperçu qu’il y avait un truc qui ne collait pas. Emmanuel Macron, qui ne s’était même pas déplacé l’an dernier pour le Congrès, va prononcer un discours demain. Il va les bichonner. Et c’est normal, non ? Ils sont un échelon essentiel de la démocratie. Sauf que visiblement, ça échappait aux brillants énarques qui nous gouvernent. Emmanuel Macron ne les a redécouverts que parce qu’il s’est rendu compte pendant le grand débat qu’il était bien utile d’avoir des gens qui assurent le lien social et connaissent le pays.
Mais voilà des années que le discours des technocrates de Bercy, c’est de nous dire que "36 000 communes", c’est ringard. Encore une de ces spécificités françaises dont il faut se moquer parce que c’est tellement mieux chez nos voisins. 36 000 communes, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui administrent quasi bénévolement le pays, qui le quadrillent, qui s’occupent des vieux, qui règlent les différends, qui font vivre un semblant de démocratie locale. On veut faire quoi ? Les remplacer par des technocrates qu’il faudra payer ?
Mais est-ce qu’ils ont les moyens de faire vivre la démocratie locale ? Si la moitié refuse de représenter, il y a une raison. Et elle ne tient pas seulement aux incivilités. Bien sûr, c’est une des causes. Les conflits, en particulier avec les gens du voyage, sont un des facteurs de violence. Mais c’est surtout le délire administratif qui les mine. Les intercommunalités, c’est une machine à détruire le maillage territorial. Un empilement antidémocratique qui permet aux métropoles de réduire à rien les petites villes alentours. Et la réforme territoriale de François Hollande a empiré le phénomène. Tout comme la suppression de la taxe d’habitation.
On veut que les maires ne soient plus là que pour gérer le chemin communal, et encore, sans un sou. C’est une folie. C’est par le local qu’on peut recréer du lien, le sentiment de vivre ensemble, de partager un destin commun. Sauf si on veut que la France ressemble à un désert avec quelques EPAHD.
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