"Je mets toute ma force pour éteindre l'incendie qui est déjà un feu de forêt". Cette phrase est signée Jérôme Cahuzac, lors du troisième jour de son procès en appel, ce mercredi 14 février. Après avoir expliqué les raisons de cet appel, motivé par la "peur" de l'incarcération (il a été condamné à trois ans de prison ferme en première instance ndlr), l'ancien ministre délégué au Budget sous François Hollande se penche sur sa "part d'ombre".
L'ancien député socialiste avait lui-même utilisé cette expression en expliquant qu'elle était désormais "en pleine lumière". "Toute ma vie est une suite d'accidents et de hasards", explique-t-il face à la cour.
Il concède face au président Dominique Pauthe qu'accepter le poste de ministre du Budget est "une faute majeur", tout comme la présidence de la Commission des finances à l'Assemblée nationale.
Celui qui est devenu "un paria" de la vie politique indique avoir eu un entretien téléphonique avec François Hollande il indique, sans donner plus de détails sur le contenu de l'enquête, qu'un "article épouvantable" va sortir sur lui.
"L'entretien est assez bref", précise-t-il. Le 5 décembre 2012, après la publication des révélations, il rencontre le président de la République. "Il ne m'a posé aucune question aucune question précise. Il ne me demande pas de quitter l'équipe gouvernementale et me dit qu'il a besoin de moi", ajoute Jérôme Cahuzac.
Il en profite pour rappeler le contexte politique de l'époque. En 2013, François Hollande est élu depuis moins d'un an. "Nous avons été deux à écrire son programme présidentiel, Emmanuel Macron. Il (le président socialiste ndlr) aurait mieux fait de le mettre en oeuvre. Ça se serait mieux passé", déclare-t-il avec une point d'ironie dans la voix.
Ces 45 secondes où j'ai détruit ma vie, j'y pense tous les jours
Jérôme Cahuzac
C'est alors que tout s'enchaîne pour Jérôme Cahuzac : interview avec Jean-Michel Aphatie sur RTL, déclaration à l'Assemblée nationale, où il assure : "Je démens catégoriquement les allégations contenues sur le site Mediapart. Je n'ai pas, je n'ai jamais eu de compte à l'étranger, ni maintenant, ni avant".
"Au Parlement, j'étais respecté. Au bout de 45 secondes, tout vole en éclats. Ces 45 secondes où j'ai détruit ma vie, j'y pense tous les jours. J'ai revu ces images jusqu'à la nausée. C'est vertigineux", dit l'ancien député à la barre. "Je mesure la déflagration nationale si j'avoue... Je mets toute la force que j'ai à essayer d'éteindre l'incendie, alors que c'est déjà un feu de forêt", retrace-t-il.
Remords, pensées suicidaires... "Il faut admettre que j'étais dans le déni. J'ai mis longtemps à l'admettre", indique-t-il Jérôme Cahuzac qui précise que la suite n'est qu'"une succession de désastres".
Sous l'impulsion de son avocat, Eric Dupond-Moretti, Jérôme Cahuzac s'est soumis à une expertise psychique. Le psychanalyse Daniel Zagury est appelé à la barre par la défense. Il y développe la théorie du "paradoxe Cahuzac". "Il m'a expliqué qu'il avait pris un autre chemin que le suicide et qu'il avait décidé d'endurer (...) Il essaye de se juger et de se comprendre. Il n'y a rien de plus difficile que de se pardonner soit-même", indique-t-il.
Pour expliquer ce paradoxe, le psychanalyste évoque "l'imbécile", mot utilisé par Jérôme Cahuzac lui-même : il correspond au Jérôme Cahzuac-chirurgien, "celui qui a ouvert un compte pour d'autres et qui quelques années plus tard y met son argent. Et il y a le Jérôme Cahuzac-politique, celui qui s'inscrit dans la lignée de Michel Rocard. Le Jérôme Cahuzac-politique n'aime pas le Jérôme Cahuzac-chirurgien".
Jérôme Cahuzac est l'homme qui n'a pas voulu casser sa carrière pour la faute commise par un autre lui-même
Daniel Zagury, psychanalyste
Et d'ajouter : "Jérôme Cahuzac est l'homme qui n'a pas voulu casser sa carrière pour la faute commise par un autre lui-même (...) Il s'est tellement restauré dans sa seconde vie (celle d'homme politique ndlr) qu'il en a oublié sa première (celle de chirurgien ndlr). Il exprime le plus grand mépris pour les tricheurs, puisque l'homme politique n'a pas triché".
L'audience se termine sur une question d'Éric Dupond-Moretti à Daniel Zagury : "Comment peut-on expliquer que Jérôme Cahuzac incarne la haine ? Est-ce que notre époque a pas besoin de bouc émissaire ?". Réponse du psychanalyste : "Il y a le symbole national, le retournement des Français qui l'ont cru 'les yeux dans les yeux'. Tout ce qu'ils ont mis comme compassion, c'est retourné".
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