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Jean-Luc Mélenchon reprend le filon anti-européen à Marine Le Pen

ÉCLAIRAGE - Tandis que Marine Le Pen réajuste sa position sur l'Europe, Jean-Luc Mélenchon poursuit dans la continuité de son programme présidentiel pour se positionner contre Emmanuel Macron.

Jean-Luc Mélenchon, le 23 septembre 2017 à Paris
Jean-Luc Mélenchon, le 23 septembre 2017 à Paris
Crédit : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
Marie-Pierre Haddad

"I want my money back". Voilà ce que la France devrait dire à l'Europe, selon Jean-Luc Mélenchon. Le leader du groupe de la France insoumise à l'Assemblée nationale monte au créneau sur les sujets européens et contre le gouvernement et la majorité. Tout ceci dans un contexte bien particulier : Marine Le Pen a réorienté sa stratégie politique et a décidé d'enterrer le "Frexit".  

Dans une vidéo, La revue de la semaine, publiée sur sa chaîne YouTube, en octobre, il a expliqué : "Nous donnons, nous contribuons, nous offrons, nous dépensons six milliards d'euros pour l'Union européenne (...) C'est peut-être le moment de commencer à regarder les sommes. Ce n'est pas la peine de bêler en cadence 'l'Europe ceci, l'Europe cela'. C'est 'à quoi sert tout ça ?'."

Jean-Luc Mélenchon n'en démord pas. Il "avait déjà jugé 'insensé', en commission des Affaires européennes, l'augmentation de la contribution française alors que Paris continue à faire des économies structurelles pour résorber son déficit, même si c'est désormais sous l’œil moins sévère de Bruxelles", rappelle l'AFP. 

Cap sur les européennes de 2019, pour Mélenchon

"Supposez que ces 6 milliards ne soient pas donnés, on dirait 'on est trop pauvres'", explique le député des Bouches-du-Rhône, en citant la célèbre phrase de l'ancienne première ministre britannique Margaret Thatcher : 'I want my money back", qu'il traduit par "rendez-moi mon fric". Selon le député de Seine-Saint-Denis Éric Coquerel, "la base, c'est qu'on veut rompre avec l'Europe actuelle. On dit tout le temps qu'on est les mauvais élèves, avec notre déficit, en remettant en question la dépense publique, mais voilà la réalité de nos dépenses". 

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Le 27 octobre dernier, l'ancien candidat à l'élection présidentielle a adressé un message direct à Emmanuel Macron depuis Athènes. "Alors c'était donc un mensonge : on n'a pas aidé la Grèce, on a aidé les banques et on a aidé les grands pays sur le dos des Grecs. C'est pourquoi depuis Athènes je m'adresse à mon propre gouvernement et je lui dis : Emmanuel Macron, Édouard Philippe, il faut rendre à la Grèce l'argent qui lui appartient", a déclaré le député de la France insoumise lors du congrès organisé par l'ancienne de Syriza Zoe Konstantopoulou pour lancer son nouveau mouvement, "Cap vers la liberté". 

L'AFP ajoute que "cette prise de position radicale est d'autant plus étonnante que, selon plusieurs sources à gauche, un débat interne agite la France insoumise sur l'opportunité de privilégier le rapport de force avec l'Allemagne pour transformer l'UE existante ou de passer au 'plan B' de sortie d'un groupe de pays pour créer une nouvelle coopération. Au sein de l'hémicycle, plusieurs députés ont comparé les positions européennes de La France insoumise et des communistes à celles de l'extrême droite". Comme l'expliquait Le Figaro, la France insoumise "veut capitaliser toutes les oppositions pour les élections de 2019, notamment en multipliant les contacts avec les partis de gauche radicale européenne". Dans la revue Regards, Jean-Luc Mélenchon affirmait qu'il travaillait "à la matrice d'un nouveau groupe au Parlement européen". Quant à Manuel Bompard, en charge des campagnes électorales, il précisait que "la ligne" du mouvement était "tranchée" : "Il nous reste à déterminer le mot d'ordre, le slogan de cette campagne".

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Une position plus nuancée pour Le Pen

Lors de son retour médiatique amorcé par un entretien dans Valeurs Actuelles, la présidente du Front national déclarait que "dans de nombreux domaines, on peut améliorer la vie quotidienne des Français, sans quitter l'Europe ni l'euro". Marine Le Pen défendait dans L'Émission Politique, fin octobre, avoir une "vision pragmatique" et non pas "idéologique" de l'Europe. Sur la sortie de la France de la zone euro, elle répondait : "Nous allons voir. Nous allons voir si Emmanuel Macron va réussir à obtenir (...) que la BCE ne soit plus indépendante, qu'elle réponde donc aux injonctions des États et que la masse monétaire de la BCE n'aille plus aux banques mais aux États".

Et d'ajouter : "Si l'euro était positif pour la France, après tout, je me contenterais de l'euro. Mais je considère qu'il continue à être négatif. Si la souveraineté monétaire n'est pas rendue à la France, si l'Allemagne ne souhaite pas reverser ce qu'elle doit en vertu de ce qui devrait être la solidarité européenne, si la BCE continue à financer l'économie virtuelle et non l'économie réelle, il n'y aura pas d'autre choix que de terminer ce processus par le recouvrement d'une monnaie nationale", soulignait-elle. Un discours qui a poussé La Croix a estimé que "l'Europe continue à parasiter le discours de Marine le Pen"

Ce changement de ligne est lié au départ du parti de Florian Philippot. Sur France 2, Marine Le Pen expliquait que la refondation du parti était "une continuation d'un processus de rénovation et de refondation assez profonde, engagé en 2011. Il ne souhaitait pas cette refondation. Cela nécessite d'avoir du courage, de l'humilité et la capacité de se remettre en cause et tout le monde n'a pas cette force d'âme. Quand on a un poste aussi important que vice-président en charge de la stratégie et de la communication, on est un peu celui qui décide qui a le droit de parler et qui n'a pas le droit. Je pense qu'il y a énormément de gens autour de nous (...) qui n'ont peut-être pas pu exprimer leurs positions". Est-ce que l'ancien vice-président muselait la parole au sein du parti ? Marine Le Pen a répondu : "Disons que Florian avait plutôt raison et que tous ceux qui n'étaient pas d'accord avec lui étaient plutôt considérés comme ayant tort".

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