Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin : quand la complicité laisse place à une rivalité grandissante

Entre ambitions personnelles et rivalité naissante. François Ruffin contre Jean-Luc Mélenchon. L'atypique député de la Somme parviendra-t-il, dans les mois à venir, à s'imposer face à celui qui reste le patron des insoumis ? Deux personnalités, deux méthodes pour servir deux ambitionsJean-Luc Mélenchon et François Ruffin se découvrent en 2017. 

Mélenchon aime jouer les mentors avec les petits nouveaux comme Ruffin. Le mardi, il reçoit souvent le député de la Somme dans son bureau de l'Assemblée, une façon de le jauger et d'exercer son ascendant intellectuel. Les deux hommes s'échangent les livres qu'ils ont aimés, mais derrière la complicité, une rivalité ne tarde pas à naître. D'autant que François Ruffin n'a jamais fait partie du sérail.
 
C'est un électron libre et un individualiste. La discipline de groupe, il a du mal... Il peut même sympathiser avec l'adversaire macroniste, si c'est pour faire avancer les causes qu'il défend au sein du groupe insoumis, on le tient à l'œil et on remarque que son soutien à Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle de 2022, s'est fait attendre.

Un fossé qui se creuse depuis 2022

Et le fossé va bientôt se creuser... Dans son département de la Somme, où Marine Le Pen est arrivée en tête en 2022, Ruffin a été réélu haut la main face au RN aux législatives. Son obsession ? Parler de la vie quotidienne de ceux qui se sont mobilisés sur les ronds-points. Son allure s'est assagie, la veste et la chemise blanche sont aussi le symbole d'une conviction. La radicalité fait peur aux électeurs, il l'expliquait devant des militants en août dernier. 

Une grosse divergence stratégique avec de Jean-Luc Mélenchon, adepte du bruit et de la fureur pour rester au centre du jeu et qui pense qu'il faut être clivant pour mobiliser les classes populaires, même au prix de polémiques incessantes.  
 
Au fur et à mesure que la Nupes se délite, François Ruffin apparaît comme un possible de candidat de rassemblement à gauche. Jean-Luc Mélenchon lui-même a semblé l'adouber pour 2027. Mais c'est le baiser qui tue, car même s'il a affirmé qu'il voulait passer la main, Mélenchon n'a renoncé à rien.

Le moment est-il venu ?

En clair, Jean-Luc Mélenchon veut se laisser la possibilité d'être candidat ou pas. En tout cas, il entend garder la main sur la désignation du futur candidat. L'explosion de la Nupes ne le fâche pas outre mesure. 

Pour lui, la force d'attraction de la France insoumise est telle que le moment venu. Les anciens partenaires reviendront honteux et confus, le résultat des européennes va être déterminant. Si les insoumis sont distancés par les écologistes et les socialistes, une force de rassemblement peut espérer émerger sans eux. Et François Ruffin sera en bonne position.

Dans le cas contraire, si la gauche ne relève pas la tête, Jean-Luc Mélenchon aura peut-être gagné son pari.