"J'ai préféré garder ce moment" : Aurore Bergé explique sur RTL pourquoi elle a caché sa grossesse pendant les législatives 2022

Le combat mené par Aurore Bergé dans son nouveau livre se confond avec l'intitulé de son ministère : "égalité entre les femmes et les hommes, lutte contre les discriminations". À travers deux choix personnels présentés dans Nos combats pour la République, la ministre évoque la condition des femmes en France, mais aussi ce que cela signifie dans son engagement et ses fonctions politiques.

Le premier de ces choix concerne Victoire, sa fille, née en 2022. Enceinte au moment des élections législatives, Aurore Bergé explique avoir caché sa grossesse par crainte des "conséquences politiques". "Ce n'est pas un problème d'être enceinte, et heureusement, mais ça a des conséquences, assure-t-elle ce vendredi 7 mars au micro de RTL. Ça a des conséquences sur votre vie professionnelle". 

"Dans les 10 années qui suivent la première naissance de leur enfant, détaille-t-elle, les femmes perdent 38% de niveau de revenu par rapport aux hommes qu'elles ne rattrapent ensuite jamais. C'est ce qu'on appelle la pénalité parentale, c'est-à-dire que quand vous êtes une femme et que vous devenez mère, ça vous pénalise dans votre vie économique, ce qui n'est pas le cas pour les hommes et pour les pères". 

Je pense qu'il y a encore des qualificatifs qui sont attachés au fait d'être une femme en politique et au fait en plus d'être une mère.

Aurore Bergé, ministre de l'Égalité entre les femmes et les hommes, sur RTL

En 2022, Aurore Bergé n'a annoncé publiquement sa grossesse qu'après les élections et le vote pour la présidence de son groupe parlementaire. 

"Je pense qu'il y a encore des qualificatifs qui sont attachés au fait d'être une femme en politique et au fait en plus d'être une mère", explique-t-elle. 

La ministre assure notamment avoir ressenti une différence après l'annonce de sa grossesse. "J'avais l'impression que je ne faisais jamais la bonne réponse : si j'expliquais que je prenais un long congé maternité, je n'étais pas vraiment une femme politique, un animal politique, je n'avais pas envie en fait de continuer d'avoir une carrière et si je prenais un court congé, c'est que j'étais forcément une mauvaise mère. Donc j'ai préféré garder ce moment d'abord pour moi, intime, le dire quand j'estimais que je pouvais vraiment le dire".

Une femme qui est victime de violence, c'est l'affaire de toute la société.

Aurore Bergé, ministre de l'Égalité entre les femmes et les hommes, sur RTL

En mars 2023, alors qu'il est question de violences conjugales à l'Assemblée nationale, Aurore Bergé assure dans l'hémicycle : "Je n'instrumentalise pas ce combat, car je sais de quoi je parle". 

Elle revient dans ce livre sur cet épisode douloureux, précisant qu'aujourd'hui encore, elle se demande chaque jour si elle ne devrait pas porter plainte. "Je trouve qu'il y a encore trop de jugement dans la société et à partir du moment où une femme porte plainte, on interroge toujours les raisons pour lesquelles elle le fait, là encore soit le fait trop tôt, soit le fait trop tard".

"Mon travail en tant que ministre, ajoute-t-elle, c'est de garantir la possibilité pour chaque femme de le faire, mais surtout le fait que ça concerne toute la société et qu'enfin, on arrive à lutter contre une forme d'indifférence où on se dit qu'après tout, ça reste une affaire de famille, ça reste une affaire de couple, ça reste une affaire privée. Non, une femme qui est victime de violence, c'est pas une affaire de couple. Un divorce, c'est une affaire de couple. Une victime de violence, c'est l'affaire de toute la société".

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