La célébration de la fête juive de Hanouka au palais de l'Élysée, jeudi 7 décembre au soir en présence d'Emmanuel Macron, est vivement critiquée au nom du principe de laïcité. Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a lors de ce moment allumé la première bougie du candélabre. Invité sur RTL vendredi 8 décembre, le représentant du culte juif a défendu la tenue de cette célébration. "Il n'y a aucune atteinte à la laïcité, cela a été respecté par l'Élysée. Tous les cultes étaient représentés, c'est l'image d'une France qui accepte tout le monde. Pour certains, notre laïcité vire à l'athéisme", a déploré Haïm Korsia, qui a pris la parole pour la première fois ce vendredi midi.
Il a également pris l'exemple d'autres pays pour répondre aux critiques. "L'ADN républicain est d'être laïc, d'organiser la neutralité de l'État. En Allemagne, le président allemand a allumé une bougie. Le président Chirac l'avait fait", a ajouté le grand rabbin de France.
Le gouvernement est rapidement monté au créneau pour défendre cette cérémonie par les voix d’Élisabeth Borne et de Gérald Darmanin. Puis Emmanuel Macron lui-même a répondu, disant ne pas regretter "du tout" et assurant que cela avait été effectué "dans un esprit qui est celui de la République et de la concorde".
De nombreuses personnalités de gauche sont montées au créneau pour critiquer cette célébration, qui a aussi suscité l’embarras au sein de la communauté juive. Le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), Yonathan Arfi, a jugé vendredi que c'était "une erreur" au micro de Sud Radio. "Je ne vais pas polémiquer, c'est son opinion. Mais ce n'est pas parce que le Crif dit quelque chose que c'est parole d'évangile”, a répliqué le grand rabbin de France.
Haïm Korsia est également revenu précisément sur le déroulé de cette célébration de Hanouka à l'Élysée, dont des extraits vidéos diffusés sur les réseaux sociaux ont suscité de nombreuses réactions. "Évidemment le président ne peut pas allumer lui-même (une bougie), alors à la fin de la cérémonie il a allumé une veillée mémorielle qui est celle de Auschwitz", a précisé le grand rabbin. "J'ai pris cette bougie et je l'ai allumée comme ça se fait dans toutes les villes de France, je l'ai fait et le président n'a pas à le faire. C'est le principe de laïcité, de la liberté de pratique religieuse", a-t-il certifié.
"Il y aurait trois espaces : la République, l'école qui est neutre, et l'Élysée qui est super neutre ?", a demandé Haïm Korsia, qui a cité en exemple la "chapelle" du palais et le "sapin de Noël" qui se tient "tous les ans". "La laïcité n'est pas l'athéisme, ce n'est pas l'absence de religions. Dans le pays des Lumières, qu'on s'offusque d'allumer une lumière...", a-t-il déploré.
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