Le choc des récentes violences à Marseille, marquées par l'utilisation de tueurs à gage extrêmement jeunes, a amené Jean-Michel Decugis, grand reporter au Parisien, à enquêter sur cette nouvelle génération de criminels. Auteur du livre intitulé Tueurs à gages : enquête sur le nouveau phénomène des shooters, qui paraît le 9 octobre chez Flammarion, le journaliste met en lumière une tendance inquiétante : le rajeunissement des acteurs du narco-banditisme.
Selon Jean-Michel Decugis, le crime organisé voit ses rangs se remplir d'individus de plus en plus jeunes. Des enfants qui commencent souvent comme guetteurs dès l'âge de neuf ans, puis se transforment en tueurs à partir de 14 ans. Dans son livre, il brosse le portrait de ces nouveaux "shooters", âgés pour la plupart entre 15 et 25 ans, à l'image de Mathéo, un adolescent devenu tueur à gages avant même d'avoir atteint la majorité.
Est-ce l'argent qui motive ces jeunes ? "Parfois, il y a des offres de 35.000 euros pour 5 meurtres. (...) Mais il y en a qui font ça pour 2.000 euros, pour 1.000 euros", souligne Decugis. L'une des motivations principales à rejoindre ces rangs meurtriers est certes l'appât du gain, mais pas seulement.
Decugis souligne une quête de reconnaissance et une quête identitaire chez ces jeunes, pris dans des mécanismes semblables à ceux d'une secte ou à ceux du djihadisme. Recrutés via les réseaux sociaux, ces adolescents s'immergent dans un univers où la violence devient un moyen de se valoriser et de s'affirmer.
Ces jeunes tueurs n'ont souvent aucune expertise du maniement des armes, agissant dans l'urgence et l'improvisation, ce qui conduit à des dégâts collatéraux tragiques. L'histoire de Socayna, une étudiante tuée par balle alors qu'elle révisait chez elle, illustre tristement cette réalité.
Ce type de drame révèle aussi la manipulation des jeunes par des commanditaires, souvent emprisonnés, qui continuent à orchestrer leurs affaires criminelles depuis leur cellule. 85 % des meurtres qui ont eu lieu à Marseille en 2023 ont été commis depuis la prison, selon les chiffres de Decugis.
Cette situation critique reflète une défaillance à de multiples niveaux de l'appareil judiciaire et pénal. Les récits de vie de nombreux jeunes tueurs montrent qu'ils étaient souvent déjà vulnérables, placés dans un système de protection de l'enfance défaillant, créant un cycle de violence difficile à briser.
Face à cette situation dramatique, Jean-Michel Decugis lance un appel au renforcement des mesures et à une prise de conscience collective pour éviter que la France ne tombe dans ce qu'il qualifie un "narco-État".
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