François Bayrou n’avait pas attendu le résultat des urnes pour lancer les invitations. "Le Premier ministre convie les membres du gouvernement à partager un moment convivial demain à partir de 20h30 à Matignon", écrivait dès dimanche 7 septembre son cabinet à l’adresse des différentes équipes. "On a tous une immense envie d'y aller", ironisait d’emblée une ministre bientôt démissionnaire.
Et pourtant… "L’ambiance était très sympa, très humaine", raconte l’un des convives à la sortie, quelques heures après que François Bayrou a perdu le vote de confiance à l'Assemblée nationale. Il faut dire que dans les salons de Matignon, le maire de Pau a multiplié les marques d’affection envers ses ministres. "J’ai apprécié travailler avec chacun de vous. Je ne vous connaissais pas tous… Mais je n’ai été déçu d’aucun de vous", a-t-il poursuivi, selon les informations de RTL.
Il y a quelques jours déjà, en privé, François Bayrou s’était félicité de la solidarité de son gouvernement depuis l’annonce du vote de confiance. "C’était un attelage de gens différents… Mais en 9 mois, pas une dispute !", s’est même amusé le Premier ministre devant ses troupes.
Dans l’assemblée, quelques uns ont le visage ému. "Il a été très classe", reconnaît un ministre venu de la droite. Même le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, pourtant invité sur un plateau télé à la même heure – et dont le groupe Les Républicains s’est montré extrêmement divisé lundi soir -, était là pour l’applaudir.
Côté menu, "rien de très ostentatoire", plante d'emblée une ministre. "Quelques petits fours et de la charcuterie." Pour les amateurs de vin, du blanc de Bourgogne et un rouge bordelais (du Saint-Émilion) trônaient sur les buffets.
"Mon seul regret : c’est que je n’ai pas fait état dans mon discours de tout ce que nous avons réalisé en 9 mois", a expliqué François Bayrou, qui remettra ce mardi matin sa démission au chef de l’État. "Son attitude depuis 15 jours était peut-être un peu trop centrée sur sa propre personne. C’était un mea-culpa bienvenu", glisse un poids lourd du gouvernement.
À la fin de son discours, c’est par petits groupes que se sont poursuivis les échanges. François Bayrou, les yeux embués et la voix enrouée, navigue de grappe en grappe. En fin de soirée, ils n’étaient plus qu’une poignée autour du Premier ministre : le ministre de la Justice Gérald Darmanin, le ministre de l'Économie Éric Lombard, le ministre de l'Aménagement du territoire François Rebsamen, le ministre chargé des Relations avec le Parlement Patrick Mignola… Parmi eux, plusieurs sont cités comme prétendants au fauteuil de Matignon. Cette fois, la succession est bel et bien ouverte.
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