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Roland Lescure, à l'Assemblée nationale, le 26 mai 2025
Crédit : Bastien Ohier / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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De retour au gouvernement. Roland Lescure a été nommé ce dimanche 5 octobre ministre de l'Économie, poste où il succède à Éric Lombard. Comme ses prédécesseurs des gouvernements Barnier et Bayrou, ce macroniste va tenter de résoudre l'équation impossible : élaborer un budget qui sera voté à la majorité à l'Assemblée nationale et éviter la censure.
Roland Lescure connaît déjà les prérogatives ministérielles puisqu'il a été ministre délégué chargé de l'Industrie et de l'Énergie, rattaché à Bruno Le Maire, au sein des gouvernements d'Élisabeth Borne et de Gabriel Attal.
Vice-président de l'Assemblée nationale et député Ensemble pour la République des Français de l'étranger, Roland Lescure s'inscrit dans un macronisme originel. Engagé dans le parti présidentiel depuis l'élection d'Emmanuel Macron en 2017, ce polytechnicien a fait un passage au sein du Parti socialiste, onze ans auparavant.
Ses premières fonctions en macronie remontent à 2017 où il est élu à la tête de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale. Avant d'être élu député, Roland Lescure était vice-président de la Caisse de dépôt et placement du Québec. "Le Brexit a été un vrai coup de tonnerre", expliquait-il à l'époque, comme le rapportait le site Bloomberg. "Je ne voulais pas regarder en arrière à 60 ans et réaliser que j'aurais pu faire quelque chose, mais que je n'avais rien fait."
Une potentielle crise de la cinquantaine qui voyait la campagne des législatives comme "une compétition faite d’obstacles". "Il vaut mieux s’occuper d’un obstacle à la fois”, prévenait-il.
Son engagement politique au sein du parti d'Emmanuel Macron a eu un coût : son salaire à la Caisse des dépôts au Québec lui rapportait 2,2 millions de dollars canadiens en 2015, soit 1,5 million d'euros, selon La Tribune. "J’ai vraiment bien gagné ma vie. Je n’en tire ni honte ni fierté, cela me donne une grande liberté", expliquera-t-il quatre ans plus tard à Libération.
Une fois élu, Roland Lescure a été pris de doutes. "Travailler comme parlementaire ? Je n’ai aucune idée de ce que cela veut dire. Je me retrouve chez ma mère, je dors dans un lit simple dans lequel je ne rentre plus. J’ai laissé au Québec une famille, trois enfants, une grande maison", racontait-il.
Ces hésitations finiront par se dissiper et politiquement Roland Lescure s'est inspiré de sa vie à Montréal. C'est lui qui a suggéré à Emmanuel Macron "les maisons France service" qui seront créés au moment de la crise des "gilets jaunes". "Un sujet de fierté", assurait-il à Libération. Roland Lescure avait déjà rencontré Emmanuel Macron, en 2012, lorsque ce dernier était secrétaire général de l'Élysée.
Bien avant ce premier échange, Roland Lescure avait déjà fait un premier passage à Bercy. "J'y étais pendant la préparation du passage à l'euro, mais dans un ministère, je restais un petit poisson dans une grande mare. Le privé, c'est le contraire, je pouvais tester l'impact direct de mes décisions", relatait celui qui était, en 2005, directeur général de Natixis Asset Management, puis directeur général adjoint et directeur des gestions de Groupama.
Né dans le XIème arrondissement de Paris, Roland Lescure est le fils d'un journaliste à L'Humanité et ancien résistant et d'une membre de la CGT RATP. Son demi-frère est Pierre Lescure, ancien PDG de Canal+. "Idéologiquement, politiquement, les communistes diraient que j’ai mal tourné, mais les valeurs sont toujours là", confiait-il au Figaro. Mais le ministre a conservé une ligne directrice : "La lutte contre l’extrême droite est fondamentale."
Se définissant comme de centre gauche "pragmatique", auprès du Monde, Roland Lescure a gardé en mémoire un souvenir politique : 1981 et l'élection de François Mitterrand à la présidentielle. "Il faisait chaud et tout le monde avait les fenêtres ouvertes. Quand le visage de Mitterrand est apparu à l'écran, on a entendu un cri de joie général dans le quartier", se souvenait-il.
En 2006, il rejoint le Parti socialiste au moment où Dominique Strauss-Kahn se présente à la primaire socialiste. "J'ai pris ma carte au PS au moment de la candidature de Dominique Strauss-Kahn, mais je l'ai rapidement rendue. J'ai découvert un monde ritualisé et hiérarchique dans lequel le militant de base n'avait pas beaucoup d'importance", regrettait-il.
En nommant Roland Lescure à Bercy, Sébastien Lecornu mise ses talents de négociateur. Lors de son élection à la vice-présidence de l'Assemblée nationale en juillet 2024, il a réussi à rallier à lui les voix de Laurent Wauquiez, mais aussi de François Hollande et encore François Ruffin. Une traduction de l'arc républicain.
Mais la relation de Roland Lescure avec la macronisme n'a pas toujours été rose. La dissolution fut un coup dur pour celui qui est alors ministre. Autre épisode : la loi immigration. Il avait alors menacé de démissionner du gouvernement. L'incarnation de l'aile gauche de la macronie ? "Si je suis 'l’aile gauche', c’est que le mouvement a bougé à droite. Parce que moi, je n’ai pas l’impression d’avoir bougé", se situait-il auprès de nos confrères du Figaro.
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