Procès du Front national pour "escroqueries" : l'État réclame 11 millions d'euros
L'État a réclamé mercredi 11,6 millions d'euros de dommages et intérêts au parti frontiste dans l'affaire des kits de campagne des législatives de 2012.

Le Front national et son entourage, ont-ils escroqué l’État pour financer leurs campagnes électorales entre 2012 et 2015 ? C'est la question sur laquelle planche la justice, depuis le 6 novembre. Ce mercredi 27 novembre, avant les réquisitions du parquet de Paris, l'avocat de l'Etat, seul parti civil au procès du RN (ancien FN), a réclamé 11,6 millions d'euros de dommages et intérêts au parti frontiste et à ses co-prévenus.
"Surfacturations, "prêts fictifs", micro-parti "coquille vide" cachant une "apparence d'activité bancaire" : l'avocat de l'Etat, Me Bernard Grelon, a égrené les "manoeuvres" du FN, pour "détourner les règles électorales". Pour ses finances déjà fragiles, le parti d'extrême-droite a plus à craindre de ces dommages et intérêts que de l'amende dont le montant maximum, en cas de condamnation, ne dépasserait pas quelques centaines de milliers d'euros.
L'audience se poursuit mercredi après-midi avec les réquisitions du parquet sur la répartition des responsabilités et les éventuelles peines que méritent chacun des protagonistes jugés, selon les cas, pour escroquerie, abus de biens sociaux et de confiance, recels ou blanchiment.
Des "kits" de campagne au coeur du dossier
Outre le parti frontiste, deux autres personnes morales sont sur le banc des prévenus : la société de communication Riwal et le micro-parti Jeanne et sept protagonistes, dont le trésorier du parti Wallerand de Saint Just et l'eurodéputé Jean-François Jalkh. Tous sont liés au personnage central de l'affaire, Frédéric Chatillon. Il gère la société Riwal, qui a fourni l'équipe de campagne du Front national en 2012. Il est soupçonné d'avoir surfacturé les kits distribués pendant cette période.
Ces "kits" de campagne des législatives de 2012, composés de tracts, d'affiches, d'un site internet et de prestations comptable, étaient vendus 16.650 euros aux candidats par Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen.
Le tribunal devra dire si ce système cachait des prestations "très largement surévaluées", destinées à gruger l'Etat, qui rembourse les dépenses des candidats dépassant 5% des voix. Jeanne prêtait en effet le montant du kit, et les intérêts, aux candidats qui lui rendaient immédiatement l'argent en achetant le matériel. Cet "aller-retour comptable" permettait à Jeanne, quasi dénué de fonds propres, d'avancer presque 9 millions d'euros.
L'avocat de l'État réclame en plus contre Frédéric Chatillon, patron de Riwal, 1,8 millions d'euros de dommages et intérêts pour des dépenses remboursées de la présidentielle 2012.