Tout commence, mardi 11 juin sur le plateau de TF1, lorsque Eric Ciotti, président du parti Les Républicains, annonce s'allier au Rassemblement national pour les élections législatives qui se dérouleront le 30 juin et le 7 juillet.
Immédiatement après, les esprits s'échauffent et les responsables du web décident de changer tous les codes d'accès aux mails, aux réseaux sociaux pour que leur patron ne puisse plus les utiliser. Les appareils photos sont également cachés dans une pièce fermée à clé pour que le président des LR ne puisse pas faire de visuels de communication.
Eric Ciotti a aussi perdu l'un de ses deux chauffeurs qui, depuis l'annonce du ralliement avec le RN, a déserté son poste. Le lendemain au matin, il décide de fermer les portes du siège des LR. Tout le monde est mis dehors, les permanents sont alors en télétravail forcé.
"On a reçu un mail qui nous demandait de sortir et on nous a dit de faire du télétravail", confirme l'un d'entre eux. "Eric Ciotti qui se renferme dans son bunker comme Hitler en 1945", ajoute une autre. "On aurait préféré que les portes se referment pour empêcher Marine Le Pen de rentrer, plutôt que ce soit à nous de sortir. Les bureaux sont vides, les lumières sont toujours allumées, c'est Lehman Brothers en 2008", renchérit quelqu'un.
Dans l'après-midi, puisqu'ils n'ont pas pu faire un bureau politique au siège, les ténors du parti choisissent une autre salle, quelques mètres plus loin. Selon des participants, des huissiers étaient postés à l'entrée, envoyés par Eric Ciotti, pour constater l'irrégularité de ce bureau politique.
L'ex-chef des Républicains a bien essayé, ces derniers jours, de convaincre des proches de le suivre, sans grand succès. Geoffroy Didier a fait partie de ses cibles. "Il m'a proposé une circonscription, en imaginant que j'allais peut-être rejoindre le Rassemblement national, je lui ai répondu non", raconte le député européen.
Des élus sont encore perplexes quant aux agissements de leur chef de file. "Imaginez demain, Jordan Bardella a besoin d'un ministre de l'Intérieur qui rassure, vous allez prendre un type qui s'est enfermé dans son bureau, avec une ceinture de bombe, vous, franchement ?", lance un élu LR.
Tout depuis mardi est une affaire de mise en scène. Quelques minutes après la fin du dernier bureau politique, Annie Genevard, secrétaire générale des Républicains, entre par la porte principale du parti, celle qui avait été fermée à double tour sur ordre d'Eric Ciotti.
Les clés dans la main et comme au théâtre, elle entre en déclarant, "C'est ma maison, ici !". Conclusion d'un député sur ses 48h délirantes : "On arrête le délire parce que là, on se croirait à l'hôpital psychiatrique"
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