ÉDITO - Vote de confiance : "Comme le RN est prêt, il pique la grenouille Bayrou", analyse Étienne Gernelle

Vous connaissez cette fable d’origine russe, popularisée par Orson Welles, Le scorpion et la grenouille. Je vous résume : un scorpion demande à une grenouille de monter sur son dos pour traverser une rivière. La grenouille se méfie, mais le scorpion lui dit que s'il la pique, il va se noyer avec elle. Donc elle accepte. Et là, au milieu de la rivière, le scorpion la pique. "Mais pourquoi as-tu fait ça ?", demande la grenouille au scorpion. "Parce que suis un scorpion", répond le scorpion.

Le RN, c’est pareil. C’est un retour aux sources du parti tel que Marine Le Pen l’a construit, c’est-à-dire un parti profondément antisystème. C’est une réaffirmation de la ligne historique de Marine Le Pen, mais ce mouvement a semble-t-il été précipité par François Bayrou lui-même. Autant c’est facile de ne pas voter une motion déposée par LFI, en dénonçant une "manœuvre de la gauche radicale". Mais quand c’est le Premier ministre qui pose lui-même la question de confiance, c’est plus difficile d’expliquer à la base du parti, qui est très dégagiste, que l’on va être gentil.

Il n’est pas impossible que Marine Le Pen essaie quand même de se présenter aux législatives.

Étienne Gernelle

Les mots comptent : Le RN ne vote pas la "confiance" ! C’est un parti de la défiance ! Même en cas de dissolution, et malgré son inéligibilité, il n’est pas impossible qu’elle essaie quand même de se présenter aux législatives. On murmure au RN qu’elle pourrait déposer sa candidature, laquelle serait rejetée par le préfet, et que s’ensuivrait un recours. Et si le recours était rejeté, cela amènerait le parti à accuser, bien sûr, le système.

Par ailleurs, il y a une nouveauté, c’est que le RN est en ordre de bataille. Vous vous souvenez, il avait été pénalisé l’an dernier par la révélation de tous ces candidats aux posts racistes ou antisémites sur les réseaux sociaux. Il y a eu depuis un grand "audit" – comprenez une purge – pour faire le ménage et aujourd’hui, le RN a déjà choisi 500 candidats sur 577. Autrement dit : il est prêt. Comme il est prêt, et qu’il est le RN, il pique la grenouille Bayrou.