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ÉDITO - Supprimer l'Aide Médicale d'État (AME) pour les sans-papiers ? Une "fausse bonne idée" selon Alba Ventura
Dans le cadre de la loi immigration, le Sénat a voté la suppression de l'AME. Selon Alba Ventura, ce n'est pas une bonne idée, à la fois pour des raisons "humanitaires et de santé publique".
Le Sénat (illustration)
Crédit : Ludovic MARIN / AFP
J'avais envie de parler de l'Aide Médicale d'État (AME) pour les sans-papiers, car l'on croit souvent que le sujet est simple. En fait, supprimer l'AME est une fausse bonne idée.
Le débat, on le connaît : du côté de la droite et de l'extrême-droite, on dit qu'il faut supprimer cette aide et la transformer en aide médicale d'urgence, sinon cela crée un "appel d'air", autrement dit "tout le monde vient se faire soigner chez nous". Du côté de la gauche, ainsi qu'une fraction des macronistes, on dit que les abus de l'AME sont un fantasme, et surtout, attention aux effets pervers que pourrait provoquer la suppression de cette aide : c'est un risque sur le plan sanitaire.
Il y a un pays qui est passé par là avant nous : c'est l'Espagne. Il est toujours intéressant de voir ce qu'il se passe ailleurs. En Espagne, ils ont supprimé l'aide médicale pour les étrangers en situation irrégulière, avant de rétropédaler. Cette suppression avait engendré une surmortalité de ces étrangers, entre 15 et 20%.
Que s'est-il passé ? En supprimant l'aide, ces sans-papiers ne se soignent pas, et si l'on ne les traite pas au moment où le mal est bénin, il faut ensuite les prendre en charge lorsque leur état s'est aggravé. Non seulement c'est risqué pour la santé publique, une petite maladie pouvant se transformer en maladie grave et se propager. Mais plus l'état d'une personne se détériore, plus on encombre les urgences et plus ça coûte cher.
On doit pouvoir soigner ceux qui sont chez nous
Alba Ventura
En ce moment, ça bataille en France entre le Sénat qui a supprimé cette aide et veut la transformer en aide d'urgence, alors qu'hier, Gérald Darmanin a dit qu'il ne voulait pas la réformer. On verra ce qu'il se passe à l'Assemblée nationale dans les prochaines semaines.
On doit dire fermement qui on veut sur notre territoire : on doit réduire l'immigration. Mais on doit aussi pouvoir soigner ceux qui sont chez nous, pour des raisons à la fois humanitaires et de santé publique.
