ÉDITO - RN : "La fanfare lepéniste joue très fort, parce que c’est son intérêt", estime Étienne Gernelle

C'est jour de fanfare pour le RN. C’est ce qu’on appelle la "niche parlementaire" : un jour par mois un groupe d’opposition à l’Assemblée peut inscrire ses propositions à l’ordre du jour. Et aujourd’hui, c’est le RN. Donc ça va faire du bruit, Marine le Pen et les siens vont sortir trompettes, tubas, trombones, et même la grosse caisse. Mais ça ne va pas aller très loin...

Leur proposition d'abroger la réforme des retraites a été invalidée au titre de l’article 40 de la Constitution, qui interdit aux députés de créer des dépenses supplémentaires. Alors, ça n’empêchera pas les députés RN de sortir les instruments à vent. C’est d’ailleurs ce qu’il fait, en général, depuis quelques mois. 

Il s’agite, menace, de censurer le gouvernement tous les deux jours, mais tout indique que ce n’est pas le moment pour lui. En réalité, la fanfare lepéniste joue très fort, parce que c’est son intérêt. 

Quel est l'intérêt du RN ?

Peut-être de couvrir d’autres bruits ! À commencer par celui du procès des assistants parlementaires européens du RN, qui n’est pas vraiment à son avantage. Le bruit de la purge en cours, aussi. Vous savez, pendant la campagne des législatives, le RN a été plombé par la mise au jour d’un certain nombre de candidats qui avaient fait des sorties racistes, antisémites, sans compter celle qui arborait une casquette nazie.

Ça faisait pas très dédiabolisation, tout ça... Le le RN a lancé cet été un "audit", comprenez une purge, pour s’en débarrasser. Et pendant ce temps là, l’orchestre joue très fort à l’Assemblée. Les décibels produits ont un autre avantage : ils couvrent aussi les divisions internes.

Il y a le camp de Marine Le Pen et Jean-Philippe Tanguy, qui sur l’économie, par exemple les retraites, a des conceptions finalement assez proches de celles de LFI. Et puis il y a un courant mené par Jordan Bardella qui essaie d’être un peu plus pro-entreprise. Enfin dans une certaine mesure, on est très loin du modèle italien de Giogia Meloni. 

Mais entre ces deux lignes, la dissonance est évidente. Or, vous connaissez le principe de la fanfare amateure : quand on joue un peu faux, il faut jouer très fort.