ÉDITO - Budget 2025 : Michel Barnier est "le grand décantateur", estime Étienne Gernelle

Osons la question, Michel Barnier est-il un génie ? Est-il notre Ballon d'Or de la politique ? Ce n'est pas évident comme ça, quand on voit les affres dans lesquelles il se débat à l'Assemblée. Mais il existe un scénario diaboliquement habile qui se dessine et qui pourrait lui permettre de se tirer de l'épreuve du budget, disons pas trop mal, ce qui serait déjà un exploit.

Ce scénario, c'est attendre, laisser se décanter la situation. Barnier, vous savez, c'est le grand décantateur. C'est comme ça qu'il a eu raison de Boris Johnson quand il négociait le Brexit, à l'usure. Car pendant ce temps-là, c'est le grand n'importe quoi à l'Assemblée, la foire à la saucisse fiscale. Et tout ça lui rend service, parce qu'en comparaison, ça lui donne un air sérieux. C'est pas dur à remarquer.

En outre, en gagnant du temps, Barnier laisse infuser dans l'opinion l'inquiétude croissante des Français à propos de la dette. Ça se voit dans les sondages. Mais surtout, Barnier laisse s'approcher l'échéance prévue par l'article 47 de la Constitution. Si le budget n'est pas voté à l'Assemblée au bout de 40 jours, le texte passera automatiquement au Sénat. Et ça, ça change tout.

Une majorité au Sénat

Barnier a une majorité de LR et de macronistes, avec une prédominance LR au Sénat. Et cette majorité lui permettra de remettre le texte sur sa ligne. Elle lui permettra aussi de remettre le texte au propre, sur la forme. Vous le savez, ça s'est vu ces dernières années, la production législative du Sénat est clairement de meilleure qualité que celle de l'Assemblée. Les textes y sont mieux rédigés.

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L'Assemblée a le dernier mot mais Barnier pourra à ce moment-là dégainer le fameux 49-3, avant ou après la tenue d'une commission mixte paritaire. Sauf que le 49-3, dans ce cadre, il perdra un peu de son caractère autoritaire parce qu'il y a eu une décantation très longue et parce qu'il s'appliquera à un texte sénatorial et non à un texte gouvernemental. 

Alors attention, cela ne veut pas dire que le budget sera la hauteur de la situation. Il suffit de lire la dernière note de Moody's pour comprendre qu'on en est très loin. Mais ce budget sera peut-être un peu moins délirant qu'on ne pouvait le craindre. Et pour Barnier, le grand décantateur, ce serait déjà un coup de maître.

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06/09/2024 à 12:53 - 01m35s