ÉDITO - Retraites : "Tout agace Emmanuel Macron en ce moment", selon Alba Ventura
Face à la contestation contre la réforme des retraites, Emmanuel Macron et l'Elysée se tendent et montrent des signes d’agacement.
La réunion entre les syndicats et la Première ministre, mercredi à Matignon, a comme attendu tourné court. Mais il y a eu une surprise : le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a pris la tête de la fronde syndicale et a fait signe à tout le monde de s’en aller. On aurait pu penser que la CGT, emmenée par sa nouvelle patronne Sophie Binet, allait mener un coup d’éclat. Mais non, Laurent Berger a porté le fer. Le leader de la CFDT a eu des mots très durs à l'encontre d’Emmanuel Macron en dénonçant une grave crise démocratique. Jamais Laurent Berger n’était allé aussi jusque-là, parlant de crise sociale. Désormais il attaque le président Macron en disant que non seulement la réforme des retraites est injuste, mais aussi la manière dont il l’a fait passer : il critique le fond et la forme.
Comment expliquer ce durcissement ?
On sait que le courant ne passe pas entre les deux hommes depuis le quinquennat de François Hollande, lorsqu'Emmanuel Macron était secrétaire général adjoint de l’Élysée puis ministre de l’Économie. Il y a eu alors de nombreuses tensions, et beaucoup d’orgueil. Par ailleurs, Emmanuel Macron a toujours essayé de passer outre les corps intermédiaires, notamment les syndicats.
Puis il faut se souvenir qu’il y a eu une première réforme des retraites lors du premier quinquennat sur lequel les deux hommes étaient d’accord. Il s’agissait alors de réformer le système universel par points, une mesure percutée par l’âge pivot. Cette réforme, que la CFDT était prête à soutenir, a finalement été enterrée par Emmanuel Macron. Au revoir la réforme systémique, bienvenue la réforme paramétrique avec mesure d’âge. Laurent Berger a pris cette réforme comme un couteau dans le dos.
Emmanuel Macron n’aurait pas dû faire cette réforme ?
Emmanuel Macron a été élu et est légitime à porter des projets par son gouvernement. Mais le président connaît les risques avec un gouvernement disposant d’une majorité relative. Peut-être que sa réforme sera saluée dans dix ans, mais il y a une manière de faire. L’utilisation du 49-3 est un outil démocratique, mais qui ajoute de la tension à la crise. Puis il y a les petites phrases, comme quand Emmanuel Macron a taclé Laurent Berger au 13h de TF1 et France 2 alors que l’interview était censée apaiser le climat.
