ÉDITO - Retards à la SNCF : "Il faut que l’État assume", selon Alba Ventura

Le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou est convoqué le 26 janvier au soir par le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. Emmanuel Macron lui-même avait piqué une colère contre les retards en série sur la ligne Paris-Clermont. 

Tout ça, c’est un peu du théâtre. Tout le monde connait très bien le sujet et l'État ferait bien de tourner sa colère contre lui-même ! Ce n’est pas comme si on découvrait que la ligne Paris-Clermont-Ferrand est une ligne difficile.

Les retards sont tellement récurrents que cela en devient un sujet de plaisanterie, sauf pour les usagers. Vous vous rendez compte que vendredi dernier, ils ont passé plus de 7h dans le froid, sans électricité, la nuit. Mais encore hier matin, c’était 2h de retard et je ne parle pas des trains annulés. Alors évidemment, le PDG de la SNCF doit venir donner des explications, après tout, il a une délégation de service public.

L'État qui n’a pas investi depuis des décennies

Mais dans cette histoire, c’est surtout l’État qui est le responsable ! Le drame de ces lignes ferroviaires, c’est l’État qui n’a pas investi depuis des décennies sur le Paris-Clermont. C’est aussi le cas du Paris-Limoges-Toulouse ou du Bordeaux-Marseille ou encore du Lyon-Nantes. On préfère faire le TGV Paris- Bordeaux, plutôt que de rénover ces grandes lignes. 

On n’est pas très avancé sur le financement

Élisabeth Borne avait annoncé un plan de 100 milliards pour rénover les lignes, et aussi pour en construire de nouvelles. 100 milliards sans que l’on sache très bien qui devait mettre la main à la poche. L’État n’a pas vraiment les moyens. Les régions qui ont la compétence ferroviaire, n’ont pas un kopeck.

L’ancien ministre des Transports Clément Beaune avait promis que l’aérien paierait à cause de son impact plus négatif pour l’environnement et il était aussi question d’aller toquer à la porte des sociétés d’autoroute. On n’est pas très avancé sur le financement.

1 kilomètre = 1 million

Ce que l’on sait, c’est que cela coûte 1 million de rénover un kilomètre sur le réseau et qu’il y a à ce jour 1.000 chantiers ouverts à la SNCF. Comment peut-on expliquer que le gouvernement et le président s'alarment autour du sujet tout d'un coup ? Vous avez compris, qu’il est de bon ton de montrer que l’on s’occupe des territoires. Comme pour l’agriculture. Montrer qu’il n’y a pas que Paris.

Le problème, c’est que ça va prendre du temps. Sur la ligne Clermont-Paris, il y aura du mieux à partir de mi-2025 si tout va bien, je prends des précautions parce que les chantiers sont régulièrement retardés par des études d’impact, des recours, des autorisations qui n’arrivent pas.

En attendant, il faut que l’État assume ses propres décisions et son manque d’engagement, mais il faut qu’il passe la vitesse supérieure pour doubler la part du rail. C’est une façon de respecter les territoires et d’accélérer la transition écologique.

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