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ÉDITO - Présidentielle 2027 : "François Ruffin n’est pas un Insoumis, c’est un indigné", assure Alba Ventura
Selon un sondage, François Ruffin ferait un bien meilleur candidat que Jean-Luc Mélenchon à la prochaine présidentielle. Une piste crédible ?
François Ruffin à l'Assemblée, le 3 août 2022
Crédit : ALAIN JOCARD / AFP
Pendant que la droite s’interroge, la gauche cherche un candidat. Selon un sondage Elabe pour l’Express, le député de la France insoumise François Ruffin ferait un bien meilleur candidat que Jean-Luc Mélenchon à la prochaine présidentielle, 53% des électeurs de gauche et écologistes le plébiscitent. Il est l’homme qui monte à gauche, parce que c’est une personnalité atypique dans ce groupe des Insoumis et au-delà, dans la Nupes.
D’abord, c’est un député qui travaille, qui émet des idées, qu'on soit d’accord ou pas, mais il est sans cesse sur le terrain à écouter les gens. Il parle de "sécurité" comme le communiste Fabien Roussel, c’est-à-dire que ce n’est pas un gros mot. Il n’a pas peur de rappeler à la gauche qu’elle ferait mieux de parler "travail" plutôt que de se perdre dans des débats sur le "genre" ou dans des manifs en soutien à Adama Traoré. Il n’est pas anti-capitaliste, il est surtout anti-injustices sociales.
Alors attention, il a eu sa période caricaturale, où il s’est laissé aller à un discours très radical, mais il semble s’être "posé", il le dit lui-même. C’est peut-être l’effet "député". En tout cas, il a montré qu’il n’était pas sectaire. On l’a vu travailler sur les métiers du lien avec des députés macronistes, vous ne verrez jamais Manuel Bompard faire ça. En fait, François Ruffin n’est pas un Insoumis, c’est un indigné. Enfin, il peut avoir des réactions d’Insoumis mais il est d’abord un indigné.
Un profil de solitaire
On entend souvent dire qu’il est plutôt du genre solitaire, même s’il est plutôt bien apprécié par les autres partis de gauche. Il n’y a pas d’animosité comme il peut y en avoir parfois vis-à-vis de Jean-Luc Mélenchon. Mais une présidentielle, ça sous-entend des alliances. Avec qui, les communistes ? Avec Olivier Faure du PS ? Et sur quel projet ? Parce que le train à 10 euros pour les vacances d’été, pourquoi pas. Sur l’aspect social, il a formulé des idées, mais il n’a pas encore travaillé sur des sujets comme la sécurité, ou l’international. C’est tout cela qu’il doit construire.
Pour autant, la page "Mélenchon" n'est pas tournée. Dans le sondage Elabe pour l’Express, François Ruffin gagne des points, mais dans le match entre Mélenchon et Ruffin, celui qui tient la corde sur la question de la présidentialité c’est Jean-Luc Mélenchon. Il est devant Ruffin, de peu, mais devant. Non, Jean-Luc Mélenchon a laissé planer l’idée que François Ruffin pourrait prendre la relève, mais si l’Insoumis en chef décide d’aller à la présidentielle, il n’y aura plus de match.
La présidentielle est encore loin
Jean-Luc Mélenchon joue avec cette idée, un peu comme Mitterrand début 1988. Il avait fait venir Jean-Pierre Chevènement à l’Élysée pour lui dire : "préparez-vous". Et puis c’est à Pierre Joxe qu’il avait conseillé de se préparer. Et quand François Mitterrand s’était retrouvé devant le journaliste Henri Sannier, à la question "allez-vous vous représenter ?", le socialiste avait répondu comme si c’était une question banale : "Heu... Oui !".
Est-ce que Jean-Luc Mélenchon en a fini avec la présidentielle, c’est la question ? Et s'il en a terminé, il n’y aura sans doute pas que François Ruffin sur la ligne de départ. La présidentielle est encore loin. D’ailleurs, tout est dit dans le journal Libération qui consacrait une enquête sur l’ascension de François Ruffin ce jeudi. En lui annonçant qu’il aurait sa photo placardée en une, Ruffin a répondu : "C’est trop tôt !".
