Ce n’est pas une impression : lors de chaque nouvelle élection présidentielle, il y a plus de sondages que lors de la précédente. Selon des chiffres tirés d’un rapport de la commission des sondages, il y a eu un peu moins de 200 sondages pendant la campagne de 2002 et presque trois fois plus pendant la campagne de 2017 (560). Au rythme actuel, depuis la rentrée, il est probable que le record soit battu.
Trois raisons expliquent ce phénomène : la concurrence exacerbée entre médias, mais aussi entre instituts des sondages ; des précampagnes féroces avec primaires ; et enfin une appétence de la part des partis politiques, qui veulent comprendre une opinion... toujours plus difficile à saisir.
La concurrence exacerbée entre médias, tout d'abord. L’explosion des sondages correspond en tout point a la multiplication des médias, des chaînes de télés notamment. La présidentielle, comme d’autres grands événements, est devenue un feuilleton, avec ses rebondissements, la tentation d’en faire une course, de la commenter comme n’importe quelle compétition. La mesure des intentions de vote alimentent le récit.
Pour la dizaine d’instituts, autre univers impitoyable, les sondages présidentiels sont une vitrine sans équivalent. Mais il n’y a pas que les médias qui sont avides de sondages. Ce sont devenus des outils indispensables aux partis et aux candidats, notamment ceux qui sont dans des formes de primaires sauvages, à gauche comme à droite. Cela leur permet de définir leur espace politique, de connaître leur potentiel. Les sondages leur permettent de scanner finement leurs électorats, la perception de leur image, les préoccupations des Français.
Ce sont des outils d’autant plus utiles que la société française s’est fragmentée. Il n’y a plus de grands idéaux mais une accumulation d’intérêts et d’inquiétudes individuelles. Les appareils politiques, bien moins structurés, moins représentatifs et moins implantés (à l’exception notable des Républicains) ont besoin des études d’opinion que le terrain ne leur renvoie plus. Et tout cela donne des sondages jusqu’à l’overdose.
La promesse de refuser de les commenter est un grand classique qui ne tient jamais
Olivier Bost
Mais il est tellement facile, en période électorale, de vouloir casser le thermomètre quand il vous contrarie, ou de se parer de toutes les vertus. En la matière, la promesse de ne plus faire de sondages, de ne plus les regarder, ou de refuser de les commenter est un grand classique, qui ne tient jamais.
Alors ne prenons pas les sondages pour ce qu’ils ne sont pas : une prédiction de vote. Leur influence ou leur pouvoir auto-réalisateur restent encore à démontrer. L’abus de sondage est une facilité pour le politique déconnecté comme pour le commentateur paresseux. Le sevrage de tout sondage est un vœux pieux de faux vertueux.
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