ÉDITO - Parcoursup, "c'est un calvaire", estime Alba Ventura

C'est double ration de stress. Vous êtes là à attendre de savoir si vos vœux vont être validés ou rejetés. Donc vous êtes totalement tétanisés alors qu'il faudrait se préparer à la philo. 

C'est horrible. C'est d'autant plus horrible que le bac, tout le monde là, alors que le Parcoursup, tout le monde n'a pas ce qu'il veut. Comme on a décrété que tous les jeunes devaient avoir le bac... Jean-Pierre Chevènement avait fixé l'objectif à 80% de réussite. Aujourd'hui, on en est à 90%. 

Dans ma classe, quatre élèves sur dix avaient le bac et désormais c'est huit sur dix. Il ne faut pas s'étonner que ça bouchonne. C'était une très belle et grande idée de vouloir emmener les enfants le plus loin possible dans les études. Tout le monde pouvait aller à l'université. Sauf que les facs n'ont pas suivi. 

On a eu tort de stigmatiser le lycée pro. On a eu tort de moquer l'apprentissage

D'autant que les facs offraient des formations avec des débouchés quand même limités. Tout le monde ne peut pas être sociologue ou philosophe. Le discours d'il y a 30 ou 40 ans a produit le monde pas très merveilleux de Parcoursup. Un parcours compliqué et aléatoire pour beaucoup. A moins d'avoir des parents qui payent des écoles très chères. 

On a eu tort à l'époque de ne pas dire qu'il y avait autre chose dans la vie que de devenir étudiants à la fac. On a eu tort de stigmatiser le lycée pro. On a eu tort de moquer l'apprentissage, cette filière qui ne connaîtra jamais les affres de Parcoursup et qui, sans bac, permet d'avoir un métier.