Il y a des chiffres qui disent beaucoup. Ce 1er mai, 2.500 personnes ont défilé à Guingamp, c'est plus d'un tiers des habitants. Les manifestants étaient 2.500 à Boulogne-sur-Mer, 2.800 à Auxerre. Ils étaient 600 à Prades chez Jean Castex, il faut les trouver 600 manifestants à Prades. J'ai volontairement choisi des communes ou des villes de taille moyenne. Ces données sont les chiffres officiels, ceux des autorités...
Dans ces villes moyennes, il n'y a pas eu de violences, contrairement aux images déplorables vues dans le centre de Paris, Rennes ou Lyon. Dans ces communes, la colère et le ressentiment sont bien présents. Ils vont être là pour longtemps. Ce fond de sauce va être très difficile à détacher de la casserole pour Emmanuel Macron, même si en ce moment, il vaut mieux éviter de parler de casseroles.
800.000 personnes ont manifesté un jour férié, en fin de week-end de trois jours. L'utilisation du terme "raz de marée" serait un peu excessive, mais on peut difficilement dire que c’est un échec.
Les syndicats vont se retrouver, ce mardi 2 avril, pour une visioconférence. Ils vont commencer à se déchirer pour savoir ce qu’il faut faire maintenant. Mais enfin, ce matin, il n’y en a pas un qui fera la tronche devant sa webcam.
En quatre mois de mouvement, ils ont repris la légitimité et le poids politique qu’ils avaient perdus depuis longtemps. Et ils le savent très bien. Hier soir, Laurent Berger de la CFDT disait, même si la réforme finit par passer, "quelque part, on a un peu gagné".
Quand Laurent Berger va se rassoir à la table des discussions, il va attendre qu'Élisabeth Borne lui sorte le grand jeu avec la nappe blanche, la formule entrée/plat/dessert avec le café et le calva.
Sur les sujets d’organisation du travail, des salaires, les syndicats veulent que le gouvernement crache au bassinet et lâche les millions. Comme une forme de revanche, et ce 1er mai a confirmé que les syndicats pourraient arriver en position de force.
Marine Le Pen était au Havre pour rompre avec les traditions du 1er mai trop marquées "Front national", au pied de la statue de Jeanne D'Arc. La cheffe de file des députés du RN était attendue sur le fond. En réalité, elle a utilisé son temps pour répéter sur tous les tons qu'Emmanuel Macron était nul.
Mais pour l’instant, elle est toujours incapable d’expliquer concrètement comment elle ferait mieux que lui, notamment sur ces questions de bien-être au travail, de salaires, d’inflation et de coût de la vie. Pour Marine Le Pen, ce 1er mai était un retour sur scène. Et on a pu avoir l’impression que le silence de ces derniers mois lui réussissait mieux…