ÉDITO - Macron en Nouvelle-Calédonie : "Le principal risque, c'est qu’il n’a pas droit à l’échec", estime Alba Ventura

Je pense qu’à l’Élysée, on a ressorti les archives. On a visionné le François Mitterrand de 1985, qui correspond à un moment de grande tension en Nouvelle-Calédonie. La journaliste Christine Ockrent interroge le Président : "Est-ce que vous iriez jusqu’à aller en Nouvelle-Calédonie ?", "Mais oui Madame", "quand ?", "demain". Ç,a c'est pour l'effet de surprise de départ. 

On a dû également réécouter les paroles du général de Gaulle à qui l’on demandait pour quelle raison il s'était rendu en Nouvelle-Calédonie (nous sommes en 1966). Et de Gaulle répond : "parce qu’il faut que le Président n’oublie pas de s’y rendre, pour affirmer la présence française, pour maintenir le contact avec les Kanaks, pour avoir à l’œil les Caldoches."
 
Ce qui est sûr, c'est qu’Emmanuel Macron sait très bien que c’est sous sa politique que la situation s’est dégradée en Nouvelle-Calédonie, et que ça l’engage.

Un risque pour le Président ?

Oui, d’autant que les cendres sont encore chaudes, l’ordre n’est pas totalement revenu. Il part alors que la réforme qui a provoqué l’explosion est toujours sur les rails. Elle n’est pas suspendue. La situation reste explosive.

Et le principal risque, c'est qu’il n’a pas droit à l’échec, parce que lorsque le Président se déplace, lorsqu'il met tout son poids présidentiel dans la balance, il ne peut pas échouer. Surtout qu’il se passe de ses fusibles : il a débranché Gabriel Attal, et même s’il a embarqué avec lui Gérald Darmanin, il sait que le ministre de l’Intérieur, qui a pris parti dans ce dossier, est disqualifié.

Donc ni Attal ni Darmanin ne sont des interlocuteurs. Et quand il n’y a plus de fusible, c'est le Président qui est directement en première ligne.

Une possible réussite ?

Mais on connait le Président depuis le temps. Il croit très fort en lui, il est convaincu que lui seul peut dénouer les fils, que la seule force symbolique de sa présence peut faire baisser les tensions. On peut considérer que c’est une forme de courage. 

Mais enfin, ce n’est pas simple, parce que pour une partie des Calédoniens, les Kanaks, le Président n’arrive pas en ami. Et même chez les loyalistes, ceux qui veulent la réforme, on l’attend au tournant. Emmanuel Macron va tenter un coup de poker !