ÉDITO - Loi immigration : "Pour s’offrir une victoire, Macron et le gouvernement sont allés au-delà de leurs convictions", selon Alba Ventura

La loi immigration a été adoptée. Le gouvernement a obtenu la majorité, sans les voix du RN. Cependant, si le RN avait voté "contre", la loi ne passait pas.

Le président de la République Emmanuel Macron et la Première ministre Élisabeth Borne, en juin 2023.

Crédit : MOHAMMED BADRA / POOL / AFP

ÉDITO - Loi immigration : "Pour s'offrir une victoire, Macron et le gouvernement sont allés au-delà de leurs convictions", selon Alba Ventura

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Les éditos d'Alba Ventura du 20 décembre 2023

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Après de multiples rebondissements, la loi immigration a finalement été adoptée. Le Rassemblement national revendique d'avoir fait voter la loi et le gouvernement affirme que la loi passait même sans les voix RN. Que faut-il comprendre ?

Les deux affirmations sont vraies. Oui, le gouvernement obtient la majorité, même sans les voix du RN. Cependant, si le RN avait voté "contre", cela abaissait le seuil de la majorité, et la loi ne passait pas. Ce sont des calculs d’apothicaires et ce matin, la question ce n’est plus la loi. La question, ou plutôt le problème, c’est que ce n’est pas la loi que voulait le gouvernement.

Pour s’offrir une victoire, Emmanuel Macron et le gouvernement sont allés au-delà de leurs convictions. En voulant aller au bout, en voulant passer à toute force, Emmanuel Macron a provoqué de multiples fractures au sein de sa majorité.

27 députés de la majorité ont voté contre dont 20 députés Renaissance

De leur côté, Les LR ont montré qu’ils avaient la main. Quant à Marine Le Pen, elle a piégé le président, d’abord en votant le rejet du texte initial qu’elle trouvait trop mou, puis en votant le texte durci, dont elle estime qu’il était tout à fait en phase avec son programme pour la présidentielle.

Cette séquence aura un prix pour le président, celui de son entêtement. 27 députés de la majorité ont voté contre dont 20 députés Renaissance, une trentaine se sont abstenus. Quand on a une majorité relative, on évite de jouer avec le feu.

La démission du ministre de la Santé

Des ministres ont menacé de démissionner sur un texte qui ne les regarde même pas, comme le ministre de la Santé Aurélien Rousseau ou le ministre des Transports Clément Beaune. Il peut les remplacer, mais ça fait une autre fracture. La majorité prend l’eau parce qu’Emmanuel Macron a basculé irrémédiablement à droite.

C’est ce que doit penser Sacha Houlié, c’est lui qui a présidé la commission mixte paritaire, il est le président de la Commission des Lois. Fidèle d’Emmanuel Macron, il a voté "contre" la loi parce qu’il n’assume pas ce virage sécuritaire.

La question que doit se poser une partie de ses troupes, c’est : est ce que le président a encore des convictions ?

La majorité peut-elle voler en éclats ? C’est la deuxième crise politique en 1 an : les retraites et la loi immigration. Souvenez-vous il y a un an, après avoir godillé entre retraite à points, âge pivot, le Président a refusé de présenter au vote la loi sur les retraites que les Français ne voulaient pas, la loi a été adoptée sans vote, donc imposée.

Et aujourd’hui, il fait voter, certes, une loi que les Français souhaitent, mais le texte ne ressemble en rien au texte de son gouvernement, il le fait voter contre une partie de sa majorité, en se faisant aider par la droite. C’est assez déconcertant. La question que doit se poser une partie de ses troupes, c’est : est-ce que le président a encore des convictions ?

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