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ÉDITO - LFI et le RN, "debout devant Macron, couchés devant Poutine", estime Étienne Gernelle
Pour l'éditorialiste, cette posture s'explique par un certain antiaméricanisme ainsi qu'une hostilité envers l’Europe et le libéralisme.
Marine Le Pen, à l'Assemblée, le 19 décembre 2023
Crédit : JULIEN DE ROSA / AFP
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L’attitude des Insoumis et du Rassemblement national face à la Russie peut se résumer en une phrase : debout devant Macron, couchés devant Poutine. Au plan intérieur, ce sont des partis rebelles : ils emploient une rhétorique de rupture – vous vous souvenez, LFI s’appelait autrefois "Front de gauche" et le RN "Front national", bref, ils étaient sur le front.
En revanche, à propos du front ukrainien, qui lui est un vrai front, là, ils sont tout miel, tout pacifistes, ce sont des colombes. Ils rechignent depuis deux ans à l’aide militaire à l’Ukraine. Ils ne jurent que par la paix, la négociation, les conférences diplomatiques...
Ce contraste s'explique d'abord car ça ne coûte pas cher la contestation radicale dans une démocratie libérale. En Russie, la rébellion, c’est plus risqué : on regarde son thé du matin avec plus de circonspection, on se demande ce qu’il y a dedans...
Le beurre démocrate et l'argent du beurre illibéral
Ça fait penser à cette phrase de Mitterrand qui disait, dans les années 1980 : "les missiles sont à l’est, les pacifistes sont à l’ouest". C’est d’ailleurs une méthode ancienne et éprouvée : utiliser le confort de la démocratie libérale pour la contester. Le beurre démocrate et l’argent du beurre illibéral…
Illibéral, parce qu’il y a tout de même un fond de sauce idéologique commun dans tout cela : l’antiaméricanisme, l’hostilité envers l’Europe et le libéralisme. On peut y ajouter le culte de l’homme fort. Et cela emporte tout, même les grosses contradictions.
Prenez le RN : pour un parti qui se veut patriote, il se met tout de même assez facilement dans la main d’une puissance étrangère. Mélenchon, lui, on l’entend toujours dénoncer l’oligarchie en France, on l’entend moins sur l’immense fortune de Poutine. C’est d’ailleurs le fait l’exposer, cette fortune, qui a valu à Navalny le sort que l’on sait.
Enfin, pour leur bonheur, la Russie n’est pas ingrate. Le 3 février, l’ancien président russe Dmitri Medvedev a appelé sur Telegram à soutenir tous les candidats "antisystème" aux élections européennes. C’est beau la reconnaissance.