- 18m56s
2 min de lecture
ÉDITO - "On se croirait chez les Shadocks" : Étienne Gernelle réagit à la création d’un Observatoire de la haie
Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a annoncé la création d'un Observatoire des haies. "Il fallait le faire", raille Étienne Gernelle.
Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau le 20 janvier 2024
Crédit : PASCAL LACHENAUD / AFP
Ce week-end au salon de l’Agriculture, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a annoncé la création d’un Observatoire de la haie. L’Observatoire de la haie, il fallait le faire.
Vous savez, il existe toutes sortes de salons en France, celui de l’Agriculture, celui du Vélo, et même celui du Barbecue. Il n’en existe néanmoins qu’un seul qui ne ferme jamais ses portes, c’est le salon de la bureaucratie. Celui-là se tient en permanence, et simultanément dans une multitude de lieux que l’on appelle ministères. Quand même, un observatoire de la haie... C’est vrai que nous manquons en France d’observatoires, de hauts conseils et de comités théodules.
Cela ne sert à rien ! Attention, je ne dis pas que les haies ne sont pas un sujet important, au contraire. Elles représentent un enjeu agricole et écologique. Et les intentions du ministre en la matière sont louables, car il veut précisément simplifier la règlementation des haies. L’enfer bureaucratique est, lui aussi, pavé de bonnes intentions.
Alors imaginons un instant la scène. La salle de réunion dans laquelle cette brillante idée a germé. On pourrait penser qu’autour de la table, il se serait trouvé quelqu’un pour lever le doigt et dire : "Pardon, mais l’Observatoire de la haie, vous êtes sûrs ? Surtout que le Premier ministre vient d’annoncer un énième plan de simplification. Eh bien il faut croire que non. C’est désespérant. Le système n’apprend rien.
On se croirait chez les Shadocks.
Étienne Gernelle
Les normes ont un coût colossal. Économique, mais aussi social. La révolte des "gilets jaunes", pour qui a pris le temps de leur parler à l’époque, tenait partie au ras-le-bol des normes.
Pour les voitures, les chaudières ou les fosses septiques par exemple. La colère des agriculteurs, c’est la même chose. Alors la haute administration écoute, au besoin organise des "conventions citoyennes" mais finit par produire ce qu’elle sait faire : des observatoires et des normes.
On se croirait chez les Shadocks. Un dessin animé mettant en scène des créatures absurdes, construisant des machines absurdes qui ne marchent jamais, et se gargarisent de proverbes absurdes. Je vous en livre un, particulièrement éclairant : "Ce n'est qu'en essayant continuellement qu'on finit par réussir. Donc, plus ça rate, plus on a de chances que ça marche".
