ÉDITO - Le parti Les Républicains "est un canard sans tête", selon Alba Ventura

On s'attendait à un règlement de comptes chez Les Républicains, après que 19 députés ont voté la motion de censure. Finalement, on a presque eu droit au calumet de la paix. Que s'est-il passé ? Ça a fait pshiiit. On nous annonçait un comité stratégique "hyper tendu", le 21 mars. 

Les rebelles ne resteraient pas impunis, on parlait même de "virer" ces frondeurs, on allait voir ce qu’on allait voir ! On a vu. On a vu que Pradié et tous ses amis pouvaient bien s’essuyer les pieds sur leurs chefs, celui du parti Éric Ciotti, et celui du groupe LR à l’assemblée Olivier Marleix, qui avaient pourtant donné l’ordre de ne pas voter les motions de censure contre le gouvernement. 

On a vu ou plutôt on a entendu Olivier Marleix déclarer : "Je ne peux pas leur en vouloir", dans un magnifique aveu de faiblesse.

Un tiers du groupe LR

Au fond LR n’a pas exclu ses frondeurs comme en son temps le PS n’avait pas exclu ses frondeurs. Ce sont des partis qui préfèrent préserver une unité de façade plutôt que de se retrouver réduits à la portion congrue. 

Il faut dire qu’avec leurs mauvais résultats aux élections, les LR ne peuvent pas se payer le luxe de virer 19 députés, soit le tiers du groupe LR à l’Assemblée. Les Républicains poursuivent le même chemin que le PS. Ils sont sur le même toboggan. 

Il y a clairement deux LR, comme il y avait deux gauches irréconciliables

Alba Ventura

On voit bien désormais que chez LR, c’est chacun fait ce qui lui plait. Il y a clairement deux LR, comme il y avait deux gauches irréconciliables. Puis surtout, il n’y a plus d’autorité. LR, c’était pourtant le parti du chef, c’est terminé. Chacun gère sa boutique.

Regardez Laurent Wauquiez, pas plus tard que la semaine dernière il disait avoir appelé ses amis députés à voter la réforme des retraites, ils ne l’ont pas écouté. Sauf qu’on a surtout compris que Wauquiez a noyé le poisson et qu’il n’a en réalité jamais incité personne. Vous voyez chacun pour soi. Ce parti est un canard sans tête, on ne sait pas où il va. 

La suite avec Laurent Wauquiez ?

Laurent Wauquiez pourrait-il incarner le parti ? Prendre le leadership ? Vous avez entendu le son de sa voix dernièrement ? Alors certes, il cultive la rareté, il ne veut pas parler pour ne rien dire, ne pas avoir l’air de trouver une issue de secours. 

Mais comment peut-on prétendre à la présidentielle et ne pas prendre position sur un débat qui fracture le pays à ce point ? S’il a des choses intéressantes à dire, à verser à la réflexion et si comme il le prétend, il est dans les starting-blocks pour 2027, il dit d’ailleurs : "Ce sera moi ou Marine le Pen en 2027, et bien qu’il parle".

Quand on fait de la politique aujourd’hui, on ne reste pas planqué, on prend position. Quand on veut être opposant numéro 1 à Emmanuel Macron, on ne reste pas aux abris.

Et Xavier Bertrand ?

Xavier Bertrand, lui, c’est l’inverse il est plutôt du genre à envoyer des cartes postales à s’exprimer régulièrement, à dire ce qu’il pense, au moment où il le pense ça peut donner quelques contradictions.

Xavier Bertrand qui a toujours refusé toute alliance avec Emmanuel Macron ne dirait pas non aujourd’hui si le président lui proposait Matignon. Voyez, chacun essaie de tirer parti de la situation en restant à distance ou en surfant sur les turbulences. 

Est-ce que ce sera gagnant ? Il reste encore 4 ans avant 2027. Et vue la fragilité du parti, certains chez les Républicains prophétisent déjà l’absence de LR à la prochaine présidentielle.

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