Le gouvernement sera dévoilé dans l’après-midi par l'Élysée. Parmi les premières mesures à prendre, évoquons la piste sur laquelle Bruno le Maire a travaillé : le blocage des loyers. Et ça nous rappelle un proverbe suédois que l’on doit à Assar Lindbeck, économiste et membre de l’Académie royale des sciences de Suède : "le contrôle des loyers est le moyen le plus sûr de détruire une ville, avec les bombardements".
Qu’est-ce que notre Suédois reproche au blocage ? En période d’inflation à 5%, il y a quand même des arguments pour limiter la hausse de ce poste important des dépenses des ménages. Ce qui est étonnant tout d’abord, c’est que ce sont les mêmes qui voudraient désindexer les loyers et indexer les salaires. Pas très cohérent car il faut choisir.
Assar Lindbeck raisonne en économiste. Si on bloque des loyers alors que le coût de la construction s’envole, et avec lui celui des travaux et des charges locatives, on dissuade l’investissement dans le logement, parce qu’on supprime sa rentabilité. À terme, on réduit donc le nombre de logements disponibles dans une ville. Comme toujours, l’animal économique, en l’occurrence le propriétaire, dès lors qu’une lui impose une contrainte ou une charge supplémentaire, tâche de l’éviter ou de la reporter sur les autres. Au bout de la chaîne, c’est donc quand même le locataire qui est pénalisé, parce qu’il ne trouve plus à se loger.
C’est vrai que le locataire qui est déjà en place est le grand gagnant de la situation. Le problème, c’est celui qui cherche un appartement : il n’en trouve pas. Il n’est pas pénalisé par le prix, mais par le délai, à cause de la pénurie. C’est ainsi dans la capitale suédoise Stockholm, où les loyers sont, sinon bloqués, du moins très strictement contrôlés, le délai pour trouver un logement est de 6 à 9 ans.
On s’inscrit sur une immense liste, et on attend son tour. Dans certains quartiers, c’est 25 ans. Pas moyen de trouver un toit, sinon en colocation ou en sous-location. Le marché est complètement paralysé, parce qu’il n’y a pas d’investissement dans les logements, faute de rentabilité.
C’est le sujet politique explosif là-bas. Il a même fait chuter une coalition gouvernementale qui avait le projet de débloquer les loyers pour les logements neufs, afin de stimuler la construction. La puissance fédération des locataires, 3 millions d’adhérents, s’est mise en branle et a fait tomber le gouvernement.
Si, avec la loi de 1948, qui a bloqué pendant cinquante ans le prix de certains logements anciens. Elle garantissait le maintien à vie du locataire, et même à ses descendants. Il reste encore quelques rares logements loués sous l’empire de cette loi, pour des montants ridicules aujourd’hui, parce que leur bail est antérieur à 1986, date à laquelle on a programmé l’extinction de cette loi.
Parce qu’elle avait des effets pervers, exactement les mêmes qu’en Suède. Ces logements étaient souvent vétustes, limite insalubres, parce que les propriétaires n’avaient aucun intérêt à faire les travaux nécessaires.
Il y en a deux, beaucoup plus efficaces que le blocage des loyers. D’abord, augmenter l’offre de logement, en relançant la construction. C’est le meilleur régulateur des prix. Et obtenir des sociétés de HLM qu’elles favorisent la rotation de leurs locataires, afin que ceux qui, voyant leurs revenus augmenter, quittent le logement social pour le parc privé. La cour des comptes relevait récemment que le taux de rotation des HLM était tombé de 10% en 2011 à moins de 8% en 2020.
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