ÉDITO - "La France face à la guerre" : un ring sans combat entre les candidats

Une bonne soirée pour le Président Macron et des candidats qui se débattent sans débat, voilà le résumé de ce long défilé de postulants à l’Elysée. Le choix était cornélien. Chacun avait son temps de parole. Il pouvait l’utiliser pour attaquer l’adversaire probable du second tour, le sortant, Emmanuel Macron, ou défendre ses idées.

Ils ont choisi, la soirée n’a pas virée au pugilat. Le plateau était un ring, sans combat. Il n’y avait pas de tension. La plupart des candidats ont préféré globalement épargner le Président sortant. Emmanuel Macron a passé une bonne soirée.

Emmanuel Macron semblait ne pas vouloir muer en candidat. Difficile de descendre dans l’arène, alors qu’il n’a pas encore dévoilé son programme. Il y avait une sorte de décalage, pas forcément à son désavantage, avec les candidats qui battent la campagne depuis des mois. Hier-soir, Emmanuel Macron, dans ses apparitions, a surtout défendu son bilan, et l’idée d’une continuité. "La vraie réponse au pouvoir d’achat, c’est de continuer ce qu’on a fait depuis 5 ans", a-t-il résumé d’une phrase.

Plus intéressant, et plus nouveau, pour un second mandat, Emmanuel Macron a donné des signes d’ouvertures. "Il a entendu des avis différents du sien", a-t-il expliqué, "avec lesquels on peut travailler". Une façon de dire que certains, hier-soir, pourraient devenir ses futurs ministres. Le Président n’était pas vraiment candidat, il recrutait pour un futur mandat difficile.

Aucun candidat ne s'est révélé lundi soir

Et les autres, justement, comment s’en sont-ils sortis ? Chacun avec les qualités et les défauts qu’on leur connait. Personne, parmi Marine Le Pen, Valérie Pécresse, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon, Eric Zemmour ou Fabien Roussel, ne s’est révélé hier-soir. Peut-être faute de débat, peut-être parce qu’ils ont déjà tout dit, et parfois depuis longtemps.

Très honnêtement, la soirée imposait de tenir un tableau des promesses pour se souvenir de qui avait dit quoi. D’autant que de nombreux choix se croisent sur l’échiquier. Sur le nucléaire, sur le prix à la pompe, sur la retraite, sur la diplomatie avec Vladimir Poutine ou notre rôle dans l’Otan. Il fallait tenir un tableau Excel pour cocher les options et les variations sur un même thème. Parfois jusqu’à la surenchère. Le blocage des prix ou une super-taxation des géants pétroliers est quasiment devenue en fin de soirée l’idée la plus partagée.

Est-ce qu’une soirée comme hier peut aider à faire un choix ? Un choix, pas évident. Cela donne une idée des candidats et de leur programme, oui. Mais il manquait le piment du débat pour vraiment faire la différence. Tous les candidats, les uns après les autres, ont voulu expliquer que la situation de la guerre en Ukraine, venait valider les constats et les solutions qu’ils avaient posés et développés bien avant. Tous les candidats, y compris Emmanuel Macron. Il va falloir encore une campagne présidentielle pour que ça décante.