ÉDITO - Interdiction d'une conférence de la droite nationaliste à Bruxelles : "Rien n’est rassurant pour la démocratie", fustige Étienne Gernelle

Mardi 16 avril, une conférence de la droite nationaliste avec Éric Zemmour, Nigel Farage ou encore Viktor Orban, a été interrompue par la police à Bruxelles.

Eric Zemmour se voit refuser l'accès par la police belge lors d'une conférence nationaliste à Bruxelles le 16 avril 2024.

Crédit : SIMON WOHLFAHRT / AFP

ÉDITO - Interdiction d'une conférence de la droite nationaliste à Bruxelles : "Rien n'est rassurant pour la démocratie", fustige Étienne Gernelle

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C’est un signe des temps peu réjouissant. D’abord les faits : un meeting devant réunir, dans un lieu privé, plusieurs centaines de responsables nationalistes et eurosceptiques : un événement nommé "NatCon". La vedette devait être le Premier ministre hongrois Viktor Orban, mais il y avait aussi le grand artisan du Brexit, Nigel Farage et Éric Zemmour.

Le Bourgmestre de la commune Bruxelloise de Saint-Josse, où elle devait se tenir, a interdit le meeting en cours de route, d’abord pour raisons de sécurité, mais en précisant ensuite que "l’extrême droite n’est pas la bienvenue". Et c’est là le problème.

La liberté d’expression, dans les limites de la loi, est un fondement de toute démocratie. Quoi qu’on pense de ces trois personnages ! Et pour avoir dit et surtout écrit beaucoup de mal de ces trois-là, je suis d’autant plus à l’aise pour le dire, c’est très inquiétant. Toujours se souvenir de ce que disait Clemenceau, l’un des pères fondateurs de la liberté d’expression en France. "Laissez tout attaquer afin qu'on puisse tout défendre, car on ne peut défendre honorablement que ce qu'on peut attaquer librement."

La liberté commence toujours par celle de ses adversaires.

Etienne Gernelle

D’ailleurs le Premier ministre belge Alexander de Croo, le Premier ministre britannique Rishi Sunak, tout comme l’ancienne ministre française Nathalie Loiseau - qui ne sont pas de ce bord-là ! - s’en sont inquiétés publiquement. Et tout le monde devrait le faire, droite et gauche et centre confondus. La liberté commence toujours par celle de ses adversaires. Ce qui s’est passé à Bruxelles n’est une bonne nouvelle pour personne en Europe. Mais cette affaire ne s’arrête pas là.

Arrêtons-nous sur le bourgmestre de Saint Josse, Emir Kir. Apparenté socialiste - il a été exclu du PS - est surtout connu pour être proche des Loups gris, un mouvement ultranationaliste turc. Les loups gris sont très puissants en Europe, y compris en France où le mouvement a été dissous en 2020.

Un mouvement fondé par des nostalgiques du nazisme, violent promoteur de la haine des Arméniens, des Kurdes et des Juifs. Au départ seulement nationaliste, il s’en mit, en 2016, au service d’Erdogan et de son national islamisme. Rien, mais alors rien, dans cette affaire, n’est rassurant pour la démocratie.

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