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ÉDITO - "Gabriel Attal va devoir composer avec les poids lourds du gouvernement et ce n’est pas gagné !", estime Alba Ventura
À 34 ans, Gabriel Attal est devenu le plus jeune Premier ministre de la Ve République. Les choses ne s'annoncent toutefois pas si simples pour le nouveau locataire de Matignon.
Gabriel Attal, tout juste nommé Premier ministre, à Matignon le 9 janvier 2024.
Crédit : Ludovic MARIN / POOL / AFP
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À 34 ans, Gabriel Attal, l'éphémère ministre de l'Éducation nationale, s'installe donc à Matignon. Le président Macron a fait le choix de la jeunesse. C’est sûr qu’avec Gabriel Attal à Matignon tout le monde prend un petit coup de vieux. Ça rappelle un peu François Mitterrand installant Laurent Fabius comme chef du gouvernement à 37 ans. Il avait alors dit : "Je donne à la France le plus jeune Premier ministre". Emmanuel Macron a dû y penser, lui qui a été le plus jeune président.
Avec la nomination d’Attal, il y a un côté ombre portée de Macron, mais est-ce que l’âge est un problème ? Non parce que dans n’importe quel pays au monde quand on nomme un Premier Ministre jeune, tout le monde trouve cela absolument génial. Souvenez-vous de l’ancienne Première ministre Finlandaise Sana Marin nommée, elle aussi, à 34 ans, ou le Chancelier Autrichien Sebastian Kurz, 31 ans.
Mais en France on dit que c’est trop tôt ! Moi je ne lui ferai pas le procès de son âge. En revanche, il y a nombre de sujets sur la table, autrement plus politiques que de savoir s’il a l’âge ou pas d’être à Matignon.
C’est une chose d’avoir montré de l’autorité à l’Éducation nationale, c’est autre chose d’arriver à se faire respecter, à imposer son tempo aux autres.
Alba Ventura
Il y a d’abord le sujet de son autorité, parce que Matignon c’est une affaire de rapport de forces. Quoi qu’on en dise, même si le Président décide de tout, le Premier ministre doit s’imposer. Il doit montrer que c’est lui le chef d’équipe. Gabriel Attal va donc devoir composer avec les poids lourds du gouvernement et ce n’est pas gagné !
Ce n’est pas un hasard si Bruno Le Maire et Gérald Darmanin ont fait savoir qu’ils souhaitaient garder leurs postes à Bercy pour l’un et au ministère de l’Intérieur pour l’autre. Sous-entendu : ce n’est pas lui qui va décider. C’est une chose d’avoir montré de l’autorité à l’Éducation nationale en s’attaquant à l’abaya, au harcèlement scolaire, ou encore à la baisse du niveau des élèves, mais c’est autre chose d’arriver à se faire respecter, à imposer son tempo aux autres.
Emmanuel Macron enverra son jeune Premier ministre face au jeune président du RN pour espérer s’éviter une lourde défaite lors de ce scrutin
Alba Ventura
Les autres sujets importants ce sont les missions de Gabriel Attal et quelle majorité pour le nouveau Premier ministre. Oui, parce que la majorité reste relative, même avec un nouveau Premier ministre la situation est la même au Parlement. Donc de ce côté-là rien ne change. En tout cas, s’il s’agit d’élargir la majorité, ou de trouver des accords, ça semble mission impossible.
L’autre mission, ce sont les européennes en juin prochain. Gabriel Attal ne sera pas bien sûr la tête de liste, mais il sera la tête de liste par procuration. En tant que chef de la majorité, c’est lui que l’on verra pendant la campagne électorale, c’est lui qui fera face à Jordan Bardella. Emmanuel Macron enverra précisément son jeune Premier ministre face au jeune président du RN pour espérer s’éviter une lourde défaite lors de ce scrutin.
Et d’une manière plus générale, on aura compris qu’Emmanuel Macron a donné pour mission à Gabriel Attal le plus populaire de l’équipe gouvernementale, de parler aux Français, de faire de la communication efficace, ce qui n’était pas le fort d’Élisabeth Borne. Le président pense sans doute en tirer quelques bénéfices.
