ÉDITO - Emmanuel Macron "a besoin de clarification", assure Alba Ventura

Dans un entretien accordé au Monde, Emmanuel Macron a déclaré que "le moment est venu d'une rencontre avec la nation". Le président est spécialiste de ces petites phrases à suspense, un peu comme des ballons d’essais. On avait eu "les 100 jours" d’Élisabeth Borne, c’était le temps que le président avait laissé à sa Première ministre pour tenter de nouer des accords politiques. Ces 100 jours ont duré presqu’un an, ça n’a pas été vraiment concluant.

On a eu aussi cette "initiative d’ampleur" annoncée en juillet dernier qui a débouché sur les rencontres de Saint-Denis : ces prises de paroles directes avec les partis politiques. Et nous voilà donc avec cette annonce d’une "rencontre avec la nation" pour le mois de janvier. Une "nouvelle" initiative en direct avec les Français.

On a déjà eu le Grand Débat, les conventions citoyennes… Le président a moins d'un mois pour inventer une nouvelle façon de parler aux Français et savoir quoi leur dire, parce que pour l’instant sa ligne politique est assez déroutante. C’est un président qui ne descend pas manifester contre l’antisémitisme mais qui laisse allumer une bougie pour la fête juive de Hanouka à l’Élysée. Un président qui n’est plus audible sur l’autorité, la fermeté.
Un président qui inaugure son nouveau "conseil de la science" par une allusion à sa réforme des retraites, sans que l’on sache très bien où il veut en venir. Un président qui a un perdu ses diplomates sur la position française à propos du Hamas.

Emmanuel Macron veut mettre les choses au clair

Il y a besoin de clarification, besoin de solder la confusion parce que son "en même temps" perd tout le monde. C’est pour cela que certains de ses proches le poussaient à organiser une grande conférence de presse. Il cherche un rebond, parce que l’impression que cela donne c’est que ça tourne à vide. Lors de son premier quinquennat, le président avait montré qu’il avait la capacité à reprendre la main. C’est d’ailleurs ce que fait le gouvernement en ce moment notamment sur l’école, mais visiblement ça ne suffit pas.
 
Emmanuel Macron veut clarifier les choses, mais pas seulement. Il y a les mauvais sondages en vue des européennes de juin et la crainte de voir l’écart se creuser entre la liste RN conduite par Jordan Bardella et la liste Renaissance qui n’a pas encore de tête de liste. Mais il y a aussi, et c’est lié, les remontées des élus macronistes qui rapportent que les électeurs sont de plus en plus perméables au discours de Marine le Pen, qui ont de moins en moins de complexes à dire qu’ils voteront RN.

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12/11/2024 à 12:08 - 15m43s

Le président a une grande peur : qu’une possible victoire de Marine Le Pen pèse sur son bilan ou n’efface le bénéfice de son action. Comme le dit l’un de ses soutiens : "On ne retiendrait de lui que le fait qu’il ait été la dernière station avant le désert".

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