Le salaire de nos députés a fait l'objet d'une étude très récente et très complète sur plus d'un siècle en France. 7.500 euros brut, c'est la fiche de paie mensuelle de nos élus. Cette somme place les députés parmi les 3% des Français les mieux rémunérés aujourd'hui, révèle cette étude de l'Institut des Politiques Publiques (IPP), réalisée par deux chercheurs, Etienne Ollion et Eric Buge.
De 1945 à 2000 environ, les députés figuraient parmi les 1% les mieux payés, quasiment sans interruption. Depuis la fin des années 1990, leur niveau de vie relatif dégringole de façon continue pour arriver dans les 3%. Sous l’effet d’une moindre revalorisation, et aussi du fait que le remboursement des frais se substitue en partie aux revenus, un élu touche aujourd’hui, en plus de son salaire, une indemnité pour frais, d’un peu plus de 5000 euros par mois. Et si l’on prend en compte l’interdiction du cumul des mandats, ceux de député et de maire par exemple, la chute de revenus est en réalité encore plus importante.
En 1906, un député gagnait sept fois plus qu’un ouvrier moyen, une fois déduits les frais de mandat. Au cours du vingtième siècle, ce rapport varie de 3 à 5. Et nous sommes aujourd’hui au point le plus bas, à égalité avec les années 1920, aux alentours de 3.
Les députés décident eux-mêmes de cette indemnité parlementaire, née en 1789, sous l'œil toujours très critique de leurs administrés. L’étude raconte ainsi que chaque revalorisation a déclenché de violentes polémiques. Par exemple, en 1906, les élus s'étaient attribué un saut de 50% pour arriver à 15.000 francs de l'époque. Une belle somme qui leur vaudra le surnom de "Quinzemillistes".
L'IPP, dans un autre travail paru tout récemment, a aussi étudié le milieu social d'où viennent nos députés. Sur le cru, issu des dernières élections législatives, la législature est assez peu représentative de la population. Les catégories populaires reviennent, de façon limitée, au RN et à LFI, avec les ouvriers et les employés. Ces deux catégories sociales sont quasiment absentes des autres formations politiques.
La catégorie des cadres et des professions intellectuelles dites supérieures, comme les enseignants, les médecins ou les avocats, est la mieux représentée au sein de l'Assemblée nationale. Elle compte pour 60% du bloc gouvernemental et du PS, c’est-à-dire près de trois fois plus que dans la population générale. C’est sensiblement moins au RN, à LFI et surtout au PC.
En moyenne, nos élus avaient 49 ans lors de leur élection. La moitié d’entre eux n’étaient pas députés avant la dernière élection, mais ils avaient pour la plupart une expérience politique, notamment comme titulaire d’un mandat local ou territorial.
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