ÉDITO - Colère des agriculteurs : des blindés pour protéger Paris, les limites de la stratégie Darmanin

William Galibert revient sur la stratégie de Gérald Darmanin face à la colère des agriculteurs. Selon lu, le ministre de l'Intérieur hausse le ton maintenant que la mobilisation gagne la capitale.

Gérald Darmanin à Paris, le 28 janvier 2024.

Crédit : Thomas SAMSON / AFP

UN POINT C'EST TOUT - Des blindés pour protéger Paris : les limites de la stratégie Darmanin

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Les blindés des forces de l'ordre protègent la capitale des agriculteurs, symbole d'un "deux poids deux mesures" dans la réponse de Gérald Darmanin. On ne souvient pas avoir vu les blindés pour empêcher le blocage des autoroutes dans tout le reste du pays. On ne souvient pas avoir vu les blindés intervenir quand il s'agissait de repeindre la façade des préfectures de fumier. Pas de blindés non plus pour protéger le bureau des douanes du Gard, incendié, avec 8 véhicules partis en fumée. Idem pour les locaux de la MSA de Narbonne qui ont brûlé...

On n'est pas simplement sur des mobilisations d'agriculteurs bon enfant, il y a aussi des débordements dans ce mouvement qui exprime une colère très forte. Mais bon tant que c'était loin de la capitale, vous avez même un laissez-passer du ministère de l'Intérieur : "On ne répond pas à la souffrance en envoyant des CRS", avait tranché Gérald Darmanin. Là, on a un changement de ton et un changement de tactique, on a les blindés et même les interpellations qui vont avec, notamment autour de Rungis.

Le message que ça envoie ? Vous pouvez bloquer tout ce que le pays compte d’autoroutes, vous pouvez camper devant les bâtiments publics et même les dégrader, mais vous faites tout ça chez vous dans vos provinces, pas touche à Paris ! Par calcul politique, pour gagner un peu de temps face à un mouvement massivement soutenu par les Français, le ministère de l'Intérieur a donné une impression de laisser-faire qui une semaine après, se retourne déjà contre lui.

Quand on est premier flic de France, on rappelle qu'il y a des choses qu'on ne fait pas, même sous le coup de la colère. On n'attend pas que les tracteurs se rapprochent un peu trop des lieux de pouvoir et des aéroports parisiens pour hausser le ton. Ça ne peut qu'alimenter un sentiment Paris contre la province et souffler sur les braises de la colère.

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