Comme prévu, Elisabeth Borne a déclenché la procédure du 49.3 pour faire adopter la première partie de son budget. Les oppositions ont manifesté leur mécontentement. La Nupes et le RN ont d'ailleurs déposé chacun une motion de censure. C'est beaucoup de bruit pour rien. Ce vote du budget est une pièce de théâtre dont on a commencé par lire la fin.
La chute de cette pièce de théâtre était le 49.3. Tout le monde le sait depuis quatre mois, depuis les élections législatives, depuis qu’Emmanuel Macron a une majorité relative à l’Assemblée. Dès lors que les oppositions ont annoncé la couleur en juin, à savoir qu’elles ne voteraient pas le budget, soit parce que c’était un budget trop austère, soit trop dispendieux, il n’y avait pas d’autre issue.
Tout le monde était sur scène, tout le monde a fait semblant. Le gouvernement a fait semblant d’ouvrir une discussion en sachant que c’était impossible. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a même fait semblant de démissionner en cas d’amendements qui alourdiraient la facture, sachant qu’un 49.3 viendrait tout balayer.
Un jeu de rôle parfaitement huilé
Alba Ventura
Un peu comme dans un vaudeville, il y a eu quelques soubresauts des députés macronistes qui manquent à l’appel alors que les adversaires veulent rétablir l’ISF. Des alliés qui jouent contre le gouvernement. Côté opposition, dans un jeu de rôle parfaitement huilé, la Nupes a crié au déni de démocratie. Le RN aussi et les LR ont dénoncé un passage en force.
Même le chapitre sur les motions de censure était connu d’avance. Le RN ne voterait pas le texte de la Nupes. La Nupes ne voterait pas le texte du RN. Et les LR ne voteraient ni l’un ni l’autre. Chacun faisant ainsi la démonstration que trois oppositions qui ne peuvent pas s’entendre, permettent à Emmanuel Macron de gouverner.
On fait toute une histoire du 49.3 alors qu’il a été utilisé des dizaines de fois depuis Michel Debré et qu’il fait partie du jeu. L’article 49.3 n’est pas anti-démocratique. Dans les 50 heures de débat, il y a eu des amendements des socialistes, des communistes ou des verts, des Républicains et bien sûr du MoDem et des amis d’Edouard Philippe. Et même une mesure de crédit d’impôt sur les gardes d’enfant déposé par le RN et les macronistes.
Tout ça a été retenu. On présente le 49.3 comme l’arme atomique, mais quand on a une majorité relative, on n’a pas trop le choix, tout le monde le sait et si on manœuvre habilement c’est un outil efficace. De toutes façons, il va falloir s’y habituer parce que ce n’est que le premier d’une longue série.
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