Avec Élisabeth Borne, il y a l’image de la continuité et le défi du poids politique. Dans ce choix, il n’y a pas de prise de risque. Emmanuel Macron la connait parfaitement, il sait déjà comment travailler avec elle. Le Président s’assure une continuité dans sa façon de gouverner. Parce que c’est bien Emmanuel Macron qui gouverne, pour ceux qui en douteraient encore et qui se seraient mis à croire à un changement. Dire cela n’est ni désagréable ni déshonorant pour Élisabeth Borne, c’est une réalité.
Emmanuel Macron va pouvoir continuer de faire comme il a toujours fait. Élisabeth Borne sera là pour faire "tourner la machine". La Première ministre a pour cela un très bon profil. Bosseuse, elle aime que les choses soient faites, pas qu’on lui raconte des histoires. En revanche, ce n’est pas elle qui protégera Emmanuel Macron des soubresauts de l’opinion quand nous serons dans le dur, qu’elle devra porter la réforme des retraites et faire face au retournement de la situation économique. Emmanuel Macron n’aura toujours pas de bouclier, c’est lui qui sera tenu pour responsable.
Élisabeth Borne manque de poids politique. Ses prédécesseurs Édouard Philippe comme Jean Castex n’en avaient pas plus à leur arrivée, mais Matignon révèle parfois ses locataires et réveille des ambitions insoupçonnables. Pour l’instant Élisabeth Borne, pure techno jamais élue, n’a pas de poids politique. Mais il faut se méfier de cet a priori, les oppositions sont en train de lui donner de l’épaisseur.
"Elle est l’une des figures les plus dures de la maltraitance sociale macroniste", pour Jean-Luc Mélenchon. Pour Marine Le Pen, c’est le choix "du mépris, du saccage social, du racket fiscal et du laxisme". Tout le monde joue les élections législatives. Elle n'incarne pas "la nouvelle méthode" promise par Emmanuel Macron. Il n’est pas dans la rupture. Il a choisi un très bon profil pour la continuité de son précédent quinquennat. Nous attendrons encore un peu pour la fameuse "nouvelle méthode". En revanche Élisabeth Borne s’affirmera.
Elle a dédié lundi sa nomination "à toutes les petites filles" qu’elle invite à aller au bout de leurs rêves. "Rien ne doit faire cesser le combat pour la place des femmes dans notre société". Elle prend ainsi à revers les commentaires qui voudraient que la nomination d’une femme à Matignon ne soit pas un évènement. Que cela ne pose pas de problème aux Français, heureusement nous sommes en 2022. Que cela vienne encore bousculer une classe politique ultra masculine dans le partage réel du pouvoir, il faudra le vérifier.
L’Élysée reste un boys band et la majorité n’avait jusque-là qu’un cache-sexe à opposer aux critiques : la parité à l’Assemblée nationale et au gouvernement. Mais dans notre régime présidentiel au parlementarisme rationalisé, le pouvoir s’exerce difficilement à l’Assemblée. Quant aux ministres, ils n’ont pas toujours beaucoup d’importance aux yeux du président. En rappelant que l’arrivée d’une femme à Matignon ne s’était pas produite depuis 30 ans, Élisabeth Borne a posé son premier acte politique lundi.
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous demandons de vous identifier pour laisser vos commentaires.
Cette inscription sera valable sur le site RTL.fr.