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Décès de Giscard d'Estaing : retour sur l'affaire des diamants de Bokassa
En 1979 l'affaire "des diamants de Bokassa" éclate, engendrant immédiatement la polémique. Le président Giscard d'Estaing est accusé d'avoir reçu, à l'époque où il était ministre, des diamants de la part du président centrafricain Jean-Bedel Bakasso.
Valéry Giscard d'Estaing et Jean-Bedel Bokassa le 3 mars 1975 à l'Élysée.
Crédit : AFP
Le 10 octobre 1979 l'affaire dite des diamants de Bakasso éclate au grand jour, révélée par Le Canard enchaîné. À ce moment-là, Valéry Giscard d'Estaing est alors ministre des Finances. L'hebdomadaire satirique dévoile que ce dernier a reçu une plaquette de trente carats de diamants en 1973, de la part du président centrafricain Jean-Bedel Bokassa.
Une information qui déclenchera une vive polémique lors de la présidentielle de 1981, à laquelle se représente le président sortant Valéry Giscard d'Estaing. La semaine suivante, le journal affirme que la plaquette offerte à VGE est d'une valeur d'un million de francs et précise également que le président de la République aurait reçu d'autres diamants à l'occasion de ses déplacements à Bangui entre 1970 et 1975.
Le 27 novembre 1979, Giscard d'Estaing oppose un "démenti catégorique et méprisant" aux allégations concernant la valeur des cadeaux qu'il aurait reçus. "Il faut, dit-il, laisser les choses basses mourir de leur propre poison". Néanmoins, l'année suivante, Le Canard enchaîné publie un entretien téléphonique entre VGE et l'ancien empereur centrafricain Jean-Bedel Bokassa, relançant ainsi l'affaire des diamants. "Vous ne pouvez pas imaginer ce que j'ai remis à cette famille-là", a de son côté déclaré Bokassa qui a affirmé "avoir remis à quatre reprises des diamants au couple présidentiel".
Je les ai gâtés (...) ils sont pourris
Jean-Bedel Bokassa, ancien président centrafricain
Le 10 mars 1981, VGE déclare à la télévision qu'il "n'y a aucun mystère dans l'affaire des diamants" et que "le produit de ces cadeaux a été versé à des oeuvres humanitaires centrafricaines". Le président souligne que les diamants ont été vendus "au profit de la Croix-Rouge centrafricaine, d'une maternité, d'une pouponnière et d'une mission".
Une dizaine de jours plus tard, Le Point, qui a consulté la comptabilité des cadeaux officiels à l'Élysée, annonce que les diamants ont été vendus pour une somme de 114.977 francs, remise à des oeuvres de bienfaisance centrafricaines. Toutefois, Jean-Bedel Bokassa campe sur ses positions et réaffirme dans une interview au Washington Post datée du 8 mai 1981, avoir offert des diamants à VGE, à quatre reprises et en présence de témoins.
Si Valéry Giscard d'Estaing affirme que les diamants reçus n'étaient que de petites pierres, la version du président Bokassa est tout autre. Selon ce dernier, les diamants offerts étaient de 10 et 20 carats. Il soutient également avoir offert à la famille Giscard d'Estaing plus de diamants qu'à n'importe qui d'autre. "Je les ai gâtés", avait-il déclaré avant d'ajouter : "ils sont pourris".
Cette interview du président centrafricain ravive la polémique à la veille du second tour de l'élection. Un timing prévu par Jean-Bedel Bokassa qui a avoué avoir choisi cette date afin d'empêcher la réélection de Valéry Giscard d'Estaing à la présidence. "Je règle mes comptes avec ceux qui ont provoqué ma chute", avait-il conclu. Le 10 mai 1981, François Mitterrand remporte la présidentielle avec 52,2% des voix.
