On a parlé pouvoir d'achat (c'était attendu). On s'est affronté sur les vrais chiffres du chômage. On a pinaillé sur le calendrier de la réforme des retraites, mais on n'a pas parlé du financement de ces programmes. On est resté sans réponse sur le coût réel des mesures qui sont dans les programmes ni sur la façon de réduire les déficits.
Pas un mot sur l'épargne des Français. Ce n'est pas le moment de faire peur aux Français bien évidemment. Marine Le Pen a accusé Emmanuel Macron d'avoir creusé la dette de 600 milliards sur son quinquennat et Emmanuel Macron s'est justifié en disant que c'était à cause de la pandémie. Mais personne n'a expliqué comment on allait revenir à une meilleure maîtrise des dépenses.
Cette dette supplémentaire est en grande partie due à l'épidémie de Covid-19. Mais pas seulement. Vous avez une dérive "naturelle" de 240 milliards de nos comptes sur les 5 ans qui n'a pas de rapport avec le "Quoi qu'il en coute" et avec le Covid-19. C'est l'accroissement mécanique de cette dette, de son financement et du fait que la dette continue à financer une partie de notre train de vie. Elle s'est accompagnée de chiffres symboliques puisque la dette a dépassé les 100% de PIB pour atteindre près de 113% fin 2021.
Il faut réduire notre déficit et notre dette assez rapidement à cause de l'inflation sur laquelle les deux candidats ont eu du mal à se mettre d'accord. C'est quand même assez inquiétant d'entendre Marine Le Pen baisser de façon "pérenne" la TVA sur les produits pétroliers et Emmanuel Macron annoncer d'une phrase passée inaperçue : "on décalera le remboursement des Prêts Garantis de l'État".
Pourtant, on a déjà décalé ces remboursements et cela va finir par devenir une sorte de dette perpétuelle. C'est un peu le sentiment qu'on avait en écoutant nos candidats mercredi soir. Le sentiment que les autorités financières, bancaires européennes et nos voisins n'allaient jamais nous demander des comptes.
L'économie est en train de devenir "very bad trip". Nous avons aujourd'hui une inflation
record, la plus élevée depuis 30 ans. 4,5% pour la France, mais 5,1% au niveau
européen dont 7,3% pour l'Allemagne ou 9,8% pour les Espagnols. Mais notre dette publique continue
de grossir (plus de 110%) quand celle de l'Allemagne reste maîtrisée (moins de
70%).
L'inflation force à revenir à une meilleure maîtrise de nos dépenses. C'est pour ça que des annonces de baisses pérennes de TVA ou de défiscalisation pérenne pour les entreprises qui augmentent leurs salariés vont avoir du mal à passer auprès de nos partenaires européens.
Même la mesure de réforme des retraites jusqu'à 65 ans d'Emmanuel Macron n'est pas présentée pour réduire notre déficit mais pour financer le "grand âge". Malheureusement, on sent déjà que nos voisins frugaux (Allemagne, Pays-Bas, Suède) vont nous demander des comptes. Et la Banque centrale européenne (BCE) aussi.
Mais la crise sanitaire et la guerre en Ukraine nous sauvent. Nous vivons une parenthèse
enchantée au niveau des finances publiques. Le travail de la BCE, c'est
notamment de contenir l'inflation dans la zone Euro.
La banque centrale américaine a
déjà annoncé qu'elle allait remonter ses taux. Christine Lagarde à la BCE
garde le pied sur le frein jusqu'à l'été (elle va laisser passer les élections)
mais cette hausse des taux directeurs est écrite. On la devine déjà dans la remontée
des taux d'intérêts sur les prêts immobiliers par exemple.
Et quand les taux remonteront, ce sera terrible pour les pays surendettés du Sud qui devront rembourser plus d'intérêts sur la dette. Une situation qu'on avait oubliée depuis la crise de 2008. On pourrait alors revivre l'angoisse face à la menace de la perte du triple A sur la note de la France par les agences Fitch, Moody's ou Standard & Poors.
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